La véritable histoire du mignon du train



Souvenez-vous il y a quelques mois, durant plusieurs semaines je vous ai narré mes péripéties avec le mec mignon du train. Par péripéties j'entends "aventures existantes et fantasmées seulement dans ma tête" vu que je n'osais pas lui parler.

Le mec mignon du train comme son nom l'indique, c'était le mec mignon que je croisais chaque matin sur le quai de la gare et dont j'avais évidemment pensé qu'on pourrait tout à fait s'accoupler.

Le hasard et ma folie faisant bien les choses, on prenait à l'époque le même train ce qui me laissait tout le loisir de l'imaginer en costard Hugo Boss, le micro à la main et les larmes qui couleraient lorsqu'il prononcerait ses vœux tandis que je réajusterais mon voile sarde en dentelle.

Lasse de fantasmer encore et toujours, un soir je vous demandais quelques conseils pour l'aborder sans passer pour une psychopathe et puis soudainement ... plus rien !
Tous mes posts ont été effacés, les commentaires supprimés et toute cette histoire n'a plus jamais existé à mes yeux. Disparu le mec mignon du train.

Six mois plus tard, je vous dévoile ce qui s'est réellement passé.

Ce jour-là j'avais le brushing impec, le make-up parfait et les ongles parfaitement limés. J'étais tranquillement en train de m'interroger sur le sens de la vie des femmes qui portent du Desigual lorsque tout à coup, j'ai vu qu'il était 8h02 et que mon train était à 8h04.
J'ai couru, j'ai trébuché, je me suis pété un ongle, j'ai raté le bus, j'ai transpiré de la mèche et des aisselles et je suis finalement arrivée en retard à la gare.
J'étais vachement moins classe après tout ça du coup.


Chance immense (ou pas, vous comprendrez pourquoi) mon train est arrivé en retard lui aussi et là, qui j'ai vu clopin-clopant parmi la foule ? Le mec mignon du train.
Dieu m'aimait, le monde me souriait, j'essuyais mes yeux plein de mascara coulants de sueur et j'attachais mes cheveux. C'était parti, Mona entrait en scène.

Dans les faits, cela consistait juste à m'asseoir à proximité de lui mais pas trop, à assez bonne distance pour pouvoir le contempler tout en n'ayant pas l'air d'une folle qui le contemple.
Dix minutes plus tard, je voyais l'homme de mon train se lever puis se diriger vers la sortie. Mais what the fuck, on allait au même endroit pourquoi il se levait le gars ?
Ni une, ni deux, j'ai oublié toutes mes préparations devant la glace et vos conseils sur le sujet et je l'ai alpagué d'un "excuse moi, il va pas à Venice Beach le train ?".

- Non, je croyais aussi mais il va à Hollywood Boulevard, il faut changer ici sur Sunset avenue.
- Ah très bien, merci.

DIEU M'AIMAIT DIEU M'AIMAIT.

Du coup on a fait le trajet ensemble, parmi les badauds qui assistaient à notre coup de foudre mutuel qui était plus à sens unique que partagé.
On a discuté un petit peu, juste de quoi me renseigner sur sa vie et où le croiser par accident mais ça c'était juste avant qu'il me parle de sa femme au bout de trente secondes de conversation.
Parmi tous mes stalkages intempestifs, ma capacité à retrouver les gens avec un cil pour unique indice ou encore espionner mon ex qui a changé d'identité, de pays et de sexe, là j'avais raté le plus gros truc au monde : son alliance.

- Ah oui super !

Il restait 30 minutes de trajet, j'ai eu l'impression de traverser les Etats Unis et la mèche du Président en même temps.

En vérité, une de mes nombreuses qualités outre ma capacité à vivre pleinement toute situation - particulièrement sur un homme - c'est de passer rapidement à autre chose quand ils s'agit d'un mec.
Schéma typique : je le rencontre - je l'aime - c'est un con - je le zappe - il n'a jamais existé.
Note de l'auteur : ne concerne évidemment pas [insérez prénom(s) d'ex non-oublié(s)]

Non, dans le cas présent on savait tous que très rapidement je serais passée à autre chose, voire quelqu'un d'autre et que ce n'était qu'une question de minute avant que je ne tombe amoureuse d'un nouveau mec mignon.
Sauf qu'à l'instant précis de l'histoire j'étais face à lui à tenter de garder la mienne entre "ok ok" et "voilà voilà".
Je suis descendue sur Venice Beach, je lui ai souhaité une bonne journée parce que je suis polie et j'ai déverrouillé mon téléphone pour vous en parler.
Et là, le drame a commencé.

Suite à ce fail majestueux, je plaçais un discret mais explicite statut sur Facebook : "le mec marié du train", d'ailleurs je n'ai pas eu le temps de vous remercier pour vos marques de soutien et autres "t'as trop une vie de merde" parce qu'entre tous ces messages se trouvait celui-ci :

- c'est marrant le mari de ma pote s'est fait draguer par une italienne ce matin, LOL !

Ni une ni deux, j'envoyais un message privé à ma copine Et là ... la conversation of the shame a commencé.


C'est l'histoire d'un mec mignon qui prend le train. Ce matin-là, il a discuté avec une fille qui apparemment et d'après ses dires, l'a dragué sur le trajet alors que ladite fille a tout fait pour le draguer sans que cela se voit qu'elle le draguait. Bref, cet homme-là a ensuite téléphoné à sa femme pour lui raconter qu'une italienne l'avait dragué dans le train alors qu'elle le draguait pas ou peu et sans que ça se voit.
Une italienne vivant à Miami et répondant au doux prénom de Mona.

La femme du mec mignon marié du train a dans cette même journée appelé sa copine pour discuter de tout et de rien, et dans rien il y avait : "mon mari s'est fait draguer par une italienne qui s'appelle Mona et qui habite à Miami. LOL"
Pendant cette conversation, l'amie de la femme du mignon marié du train dragué par une italienne mais pas vraiment, s'est souvenue que sa copine Mona qui vit aussi à Miami parlait depuis quelque temps d'un mec mignon du train qu'elle voulait draguer sans vraiment le draguer.

- C'est marrant je crois que ma copine Mona poste sur ton mari sur son blog
- Mona Champ ?
- Oui c'est elle
- Trop marrant !

Hilarant.

Tout le monde a compris ?

Cela faisait des semaines que je parlais du mec mignon du train sans savoir que ma copine était aussi celle de sa femme. Femme que je connais et situe très bien par-dessus le marché (expression hein je ne la vois pas par dessus le marché de Sunset boulevard).
Tout le monde a fait le rapprochement et a trouvé cette histoire SU-PER DRO-LE.
Du coup, la femme du mec marié mignon du train que je n'ai pas dragué a vu tous les posts et statuts où je parlais de son cher et tendre et ils ont dû partager cette anecdote ensemble comme un couple qui s'aime, tandis que moi j'étais la fille qui draguait mal des hommes mariés sans le savoir.

Ai-je réellement vu ma vie de looseuse de la vie défiler à cet instant précis ? Absolument
 
Me suis-je intensément sentie comme la dernière des dindes sur cette terre ? C'est un euphémisme.

Pensant que supprimer toute trace de cette histoire reviendrait à la supprimer réellement, je n'ai plus du tout assumé d'être une dinde et j'ai déprimé pendant une semaine.
Le lendemain, j'arrivais deux heures en avance au boulot pour ne pas le croiser, le surlendemain je voulais me teindre en blonde pour oublier, le sur-surlendemain je les stalkais sur facebook et découvrais qu'ils étaient parents d'un adorable petit brun joli, le 4ème jour j'ai cessé de vivre dans mon moi-intérieur.
Le 5ème jour j'ai pensé à changer de pays, le samedi je suis sortie et j'ai pécho l'ami d'une amie, le dimanche j'étais amoureuse de lui et le lundi j'apprenais que ledit mec avait une copine.

Quel mec mignon du train déjà ?





PS : j'embrasse fort tous les protagonistes de cette histoire totalement réelle. Ma copine Eli, sa copine mariée et bien sûr son mari dont j'ai évidemment oublié le prénom #mytho.

A la question : est-ce-que désormais j'ai les yeux rivés sur les annulaires masculins ? La réponse est non, je suis trop occupée à regarder leurs chaussures.


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