Itinéraire d'un changement de vie


Je voulais aussi appeler cet article "et puis réaliser" car c'est exactement la sensation que j'ai eue mais j'ai finalement opté pour ce titre-là.
C'était un lundi soir, ma première journée de boulot s'était bien passée, j'étais KO à cause des transports mais tout de même contente de moi.
J'étais dans mon plumart OKLM, j'ai mis mon téléphone en mode avion, j'ai éteint ma lumière puis en attendant Morphée, alors que je m'interrogeais sur le sens de la vie - c'est à dire me reteindre en blonde ou non - j'ai réalisé.
J'ai rallumé ma lumière soudainement, je me suis dit "oh putain !" et j'ai appelé ma mère.

Il était 23h00 et quand ma mère a décroché pensant que j'étais coincée dans un hangar avec un rein en moins dans une baignoire de glace, je lui ai dit ce que j'avais réalisé : j'avais réussi.


Nous étions le 22 janvier 2018, un mois pile / et moins d'un an après mon changement de vie.

Il y a un an je quittais mon précédent emploi et il y a un mois je signais mon contrat.
Parce que lorsque je parle de ma vie - ma vraie vie - j'évoque très souvent le "avant" et le "maintenant".

Avant j'étais grosse, malheureuse, mal dans ma peau, ma tête et mon entourage, dans mon travail, j'étais faible, je culpabilisais pour tout et surtout : je n'avais aucune confiance en moi.
Le 22 janvier 2018 j'ai réalisé que j'avais accompli tout ce dont je rêvais lorsque j'ai quitté mon ancien taf, et tout ça en moins d'un an.
Je me suis formée au métier que je voulais et étais officiellement ce que je souhaitais devenir.
J'avais passé ma première journée de taf avec succès et ce soir-là, vers 23h00 j'ai réalisé le fucking chemin accompli.

Passer du tout au rien c'est déroutant. Soudain tout change, la perception des choses, des gens et surtout de soi.
J'ai l'impression d’avoir perdu beaucoup de temps, de larmes et d'énergie à me détester et détester ma vie.
Quand tu réalises la force qui t'anime et ce dont tu es capable de faire plus rien ne t'arrête.

J'avais fait le choix de quitter mon CDI pépère le chat pas trop mal payé dans la finance pour : le chômage. Je voulais changer de vie, me reposer, penser à ma gueule, à mon gros cul et surtout trouver un sens à tout ça.

Alors comment je m'y suis prise ?
Mon problème principal était mon taf qui ne me plaisait pas et ne me valorisait pas.
Lorsque l'on me demandait quel boulot je faisais je répondais systématiquement "un boulot de merde".
Parlez que de votre vie de merde et votre vie sera une grosse merde. CQFD.
Le négatif attire et ancre le négatif et ça je l'ai appris au cours de cette année.

✲ Le déclic
Un jour ça a été la goutte de trop et alors que je me suis retrouvée à chialer mon existence dans la rue à la vue de tous, j'ai compris que ce n'était plus possible. 
Que tout ça ne pouvait pas être ma vie, mon quotidien. Que je ne voulais pas / plus avoir cette existence.
Javais 28 ans et je refusais de subir ma vie.
J'ai attendu quelques jours, j'ai déterré mes couilles et j'ai demandé une rupture conventionnelle, qui m'a été accordée.

Il me restait un mois à tenir, le temps de la procédure et puis ciao bambino allez tous vous faire enculato. J'ai pris mon sac, j'ai dit au revoir et je suis partie.
Deux années passées et pas un café de départ, un post-it de départ, une pipe de départ, que dalle. 
Je suis partie la tête haute mais le coeur lourd et quand j'ai fermé la porte derrière moi et que j'ai marché pour la dernière fois vers le métro, je me suis dit que tout allait changer, que c'était maintenant que tout se jouait mais qu'il y avait tout à (re)faire.

✲ La thune bordel
J'ai pris RDV avec ma banquière le lendemain, avec qui j'avais d'excellents rapports (oui ça existe, moi-même j'ai toujours du mal à y croire) et je lui ai dit :

- Heeeyyy ! je suis au chômage, baissez mon autorisation de découvert svp avant que j'occupe mes journées à m'acheter des Levi's taille 46 et bloquez-moi toutes mes primes de départ avant que j'achète des Louboutins taille 38 à défaut d'une veste Chanel de la même taille.
Et je vous rends ma VISA aussi, pas confiance en oim.

Je perdais environ 500 balles de paye - dont le mois de carence pour le chômage - il était donc primordial de restreindre au max mes envies de claquer de la thune avant de me retrouver again -again - again - and again - fichée bancaire.
Et fichée sans CDI c'est pas la grosse maradass.
Les vrais savent, je ne sais pas gérer mes émotions quand il s'agit d'une paire de Nike à paillettes ou d'un mojitos fruits de la passion à 18 €.
Concrètement et présentement, j'allais avoir TOUTES MES JOURNÉES à occuper donc valait mieux pas qu'elles se passent à dégainer ma CB à tout-va avec un découvert de 1000 balles autorisé.
On a donc mis le holà avec ma conseillère pour éviter ce genre de situation. 

A l'heure où je vous parle, j'ai toujours une carte bloquée qui m'empêche de dépasser mon plafond et de faire de la merde avec de l'argent qui ne m'appartient pas.
Quand y'en a plus y'en a plus. Relou quand tu veux t'acheter un body sexy chez H&M, mais pratique quand ta "paye" arrive le mois prochain et qu'il te reste encore de l'argent.

Conseil de crevarde en cas d'urgence : je paye par chèque mes courses  en fin de mois (et uniquement mes courses) et je prends des Uber avec Paypal lorsque ma CB est bloquée.
Je préviens aussi ma conseillère de toutes mes rentrées d'argent (grâce à Airbnb).

✲ Pôle Emploi bonjouuuuuuur
J'ai été m'inscrire à Pole-Emploi le lendemain de mon arrêt de taf et j'ai suivi des ateliers pour les créations d'entreprises (comme j'étais aussi freelance) mais également pour les accompagnements professionnels.
J'avais demandé à suivre ces ateliers car j'avais besoin de savoir où j'en étais sur le marché professionnel, ce que je valais réellement et pour une fois dans ma vie, énoncer mon projet pro de vive voix, un projet que je voulais vraiment et pas juste "pour payer mes mojitos et accessoirement mon loyer".
Je voulais faire un bilan de compétences et surtout, j'avais besoin de retrouver confiance en moi et d'être un peu "coachée".
Parce que dès qu'on évoquait ce que je voulais - vraiment - qu'on me posait une vraie question sur moi ou mes envies : j'avais envie de pleurer. 
Je n'arrivais pas à contrôler mes émotions, je ne comprenais pas qu'on puisse s'intéresser vraiment à ce que je voulais, je n'avais pas l'habitude. Donc c'était le bordel émotif constant.

En plus, je n'assumais pas "l'échec" de m'être trompée de voie pendant ... 12 ans et d'être ici, sans emploi, sans sourire, sans rien. Sans réussir à m'exprimer clairement et sans avoir les larmes au bord des yeux.
Grâce à ces ateliers j'ai rencontré des gens formidables et en effet, ils m'ont énormément apporté d'un point de vue professionnel mais aussi personnel.

Parce que quand on te demande de te présenter devant 10 personnes, c'est-à-dire juste prononcer ton prénom, ton projet et ce que tu aimes dans la vie, et que tu deviens rouge comme ma bite une tomate, que les larmes montent et que tu n'as qu'une envie c'est t'enfuir très tréès loin : c'est que quelque chose ne va pas bébé.

✲ Kikoo la depression !
Aka la grosse marrade de l'histoire.
Ça a commencé une nuit, sans crier gare. GAAAAAAAAAARE.
Déjà plusieurs soirs que je n'arrivais pas à dormir, or mon deuxième nom c'est Marmotte (bon en fait c'est Chloé, mais le troisième c'est Charlotte donc on y est).
Un énième soir d'insomnie, 4h00 du mat je me suis mise à pleurer, sans pouvoir m'arrêter.
Je pleurais en pleine nuit, dans le noir, comme une merde et le fait de me savoir pleurer en pleine nuit comme une merde me faisait encore plus pleurer. Grand moment.
Ça a duré des heures et j'ai fini par m'endormir de fatigue juste avant le déjeuner.

Mais ça a continué ... je ne dormais plus, je restais cloîtrée dans le noir toute la journée et ne voyais personne. 

Je n'arrivais pas à exprimer mon mal-être, je ne comprenais pas clairement d'où il venait, je n'en parlais pas. Je n'arrivais pas à mettre des mots sur mes maux.
Ça a duré plusieurs semaines ... et puis un jour je me suis relevée.
Je pense qu'il a fallu cette période au fond du gouffre pour pouvoir m'en sortir, seule. J'avais besoin de m'écrouler au max pour mieux me relever et me prouver à moi-même que j'en étais capable, qu'en réalité j'étais capable de tout.
A un moment j'en ai eu marre d'être la cassos de service, la pauv' meuf avec une vie de merde, qui oublie sa peine en sortant avec des mecs qui ne s’intéressent à rien d'autre qu'à son cul, d'être dans le drama constant, d'alterner les phases d'anorexie et de boulimie. 
De donner une image de meuf trop cool AHAHAHAHA j'ai encore rencontré un boloss ! pas grave je vais raconter cette histoire sur le blog ! AHAHAHA ma famille est tarée et je ne sais pas comment me sortir de ma propre vie de merde ! AHAHAHA c'est génial je suis bipolaire !

J'en ai eu marre que "j'ai une vie de merde" fasse parti de mon vocabulaire quotidien.
J'en ai eu marre d'être une victime, victime de moi et de mon jugement.

 ✲ Je vais à la salle frère
Je me suis inscrite dans une salle de sport peu de temps après mon chômage et j'ai tenu bon. 
Même si au début je ne faisais que 20 minutes de cardio, puis 30 et puis 40 et maintenant je peux tenir une heure
J'ai continué  mes efforts et j'y suis allée quasi tous les jours. 
Cela me permettait de faire mon sport, me sculpter un peu et surtout me lever le matin (ou l'après-midi) pour ne pas rester sans rien faire chez moi (à pleurer, manger, et/ou dormir).

J'ai toujours été à la salle SEULE, à mon rythme, sans aucun objectif ni challenge si ce n'est celui de faire cette séance pour moi-seule, pour mon moral et ma santé.
Balec des autres, balec du body challenge, balec de ma cellu moulée dans mon legging XXL.
En fait la salle m'a permis, vraiment, de n'en avoir RIEN AF du regard des autres, de ne pas / plus du tout y prêter attention.
Surtout quand plus de la moitié de la salle est composée des gens avec qui tu as été à l'école.

Parce que lorsque tu t'inscris, que tu dois te peser et que la balance affiche +20kg par rapport aux années pas si lointaines, t'as pas le choix.
Parce que tu n'arrives plus à monter les escaliers chez ta mère, parce que rien ne te va, parce que ton neveu pense que tu es enceinte, parce que t'as une énorme chnek sous ton jean tellement t'es fat et moulée, parce que tu n'es pas bien tout simplement.
Parce que tes copines, elles, sont trop contentes d'avoir perdu du poids et de faire 56kg alors que toi tu n'oses pas leur dire que t'en pèse 30 de plus et "non ma balance ne fonctionne pas je ne sais pas combien je pèse".

La salle de sport m'a aidé à m'afficher grasse dans mon legging devant tout le monde, me prouver que je pouvais le faire et COMME JE LE VOULAIS, sans programme, sans coach, juste comme je le sentais.
Je faisais ma life tranqu's, sans objectif précis, faire du vélo, des abdos, des photos, voilà : au calme.
Pas forcément pour perdre du poids mais pour me prouver que je pouvais y arriver, le prouver aux autres et surtout : faire quelque chose pour UNE FOIS, rien que pour moi.
C'était mon moment, je n'y connaissais rien, j'étais en surpoids, j'étais seule et je vous emmerde je venais faire ma séance comme j'en avais envie.
Et ça a fini par payer ...

✲ Whaoooo t'as trop perdu !
Honnêtement j'aurais préféré qu'on prenne de mes nouvelles, de ma santé, mon moral, mes projets plutôt que l'on s’intéresse à l'état de mon cul.
Savoir avec qui je sors, si je sors, si je baise, si je pousse 60kg de fonte : tout ça n'avait aucune importance à mes yeux.
J'avais besoin de soutien, j'avais besoin qu'on m'épaule, qu'on croit en moi et j'ai été beaucoup déçue. En amitié, en famille, en mecs.
Toute cette période m'a éloigné des gens qui n'ont pas su/ voulu être présent pendant cette transition importante de ma vie, mais m'a rapproché de tous les piliers qui m'ont entouré, sans failles, sans cesse.
Mes amis, ma famille, la vraie : tous ces gens qui par un message, un appel, un café, un coca rouge m'ont témoigné leur soutien et m'ont permis d'avoir réussi, de m'être dépassée et enfin, ENFIN PUTAIN prendre confiance en moi.

Toutes ces personnes que je remercie encore et que je ne pourrai citer car on n'est pas aux Oscars j'ai pas le temps et pas de robe.

✲ La formation
J'ai intégré ma formation huit mois après mon chômage.
Entre temps j'ai été fichée bancaire, suis sortie avec des bouffons, ai perdu des amis, retrouvé d'autres, rencontré des supers personnes, suis partie en vacances, ai coupé mes cheveux, ai teins mes cheveux : ai décidé que je serai désormais la reine du monde.

Grâce à cette formation j'ai rencontré des camarades en or, des personnes géniales qui m'ont appris à avoir confiance en moi, ne plus me méfier des gens, m'ont soutenu, conseillé ... 
Des personnes incroyables qui me manquent tous les jours au bureau et ont tous contribué à ma réussite personnelle. Je ne les oublierai pas, je les kiffe truc de ouf.
Je suis arrivée perdue dans cette formation et suis ressortie avec beaucoup, beaucoup de très belles choses !

✲ Mon taf tavu
Quelques mois plus tard, ma formation terminée, je commençais mon nouveau boulot, moins d'un an après avoir quitté celui qui a déclenché tous ces changements. 
Je n'ai rien à dire, tout va bien, tout se passe bien. Je fais ce que j'aime, je travaille avec des gens sympas, je ne suis pas trop loin de chez moi : ça va.

✲ BILAN CALMEMENT ?
J'ai réussi, j'ai tout réussi.
J'ai surmonté les épreuves, les murs, les claques, les déceptions sans jamais me retourner.
Je suis heureuse et ça n'a rien à voir avec ma perte de poids.
J'ai peut_être perdu presque 15 kg mais je me suis surtout débarrassée du poids mental que je m'infligeais depuis trop d'années et ça, ça a fait toute la différence.

Je ne suis pas mieux et heureuse dans ma vie parce que j'ai maigri, loin de là ! Je suis heureuse car j'ai accompli mes projets et suis fière de moi. Ça n'a pas de prix. 
Rien à foutre d'avoir un bon cul ou les cheveux longs, j'ai pris confiance en moi au sens large (et je ne parle pas de mon tour de taille).
On s'en balec du poids ! Mais tellement !!!

J'ai fait le tri dans ma vie, j'ai tellement changé, j'vous jure.
Je ne sais pas comment j'ai fait toutes ces années à me détester et me rabaisser. C'est pas une vie, ce n'est plus et ne sera JAMAIS plus la mienne.
J'ai appris à (mieux) m'entourer, à m'aimer, à croire en moi, à savoir tirer le positif de toute situation et surtout, de ne rester QUE dans le positif.
Ne plus jamais dire "j'ai une vie de merde", terminé, plus jamais.
Aujourd'hui ma vie est top. Que rajouter ?

Les planètes sont enfin alignées.

Je souhaite à tout le monde de trouver sa voie, se trouver bien avant tout et de croire en soi.
Parce que putain, ça fait du bien, et c'est grandement mérité. 
Photo prise par mon amour Matka ©

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