Choisy le roi et Bourg la reine



"comme un lundi !" n'aura jamais pris autant son sens qu'aujourd'hui.

Déjà je dors très mal depuis plusieurs jours car je fais des cauchemars toute la night.
Ne me demandez pas pourquoi des orques viennent me manger ou pourquoi je me retrouve au lycée avec mon ex et sa meuf en converse, mais il n'empêche que j'ai le sommeil très agité ces derniers temps.
Je me réveille donc avec la tête dans le cul à défaut de l'avoir dans celui de quelqu’un.

En plus la veille je m'étais couchée hyper tard pour mettre des nouvelles musiques sur mon Iphone que j'avais ensuite chargé pour la nuit. J'avais donc davantage la tête dans le séant et les yeux explosés ce matin.
Je me suis donc réveillée en retard, mon chat m'a sauté sur la gueule alors qu'elle venait de marcher dans sa litière, je n'avais plus de café ni de shampoing.

Je suis partie prendre le bus en courant, mon mini short encore déboutonné et mes cheveux mi-secs mi-mous mi-lavés avec du savon.
J'ai raté le bus.
J'ai couru pour avoir mon train
J'ai raté mon train.
Dans le train suivant je me suis enfin posée et force est de constater que non seulement mes musiques ne s'étaient pas chargées mais qu'en plus la prise de mon chargeur devait être mal branchée car mon portable s'est éteint dans un gros FUCK.

Je suis arrivée au bureau avec la crise d'asthme de la motherfucker montée de ma rue et de mes 10 cm en daim.
Y'a pas à dire, l'argent ne rend pas plus éduqué étant donné le nombre de merdes de chien qui jonchent cette rue huppée du 16ème.
"Mona réunion !" a dit ma chef dans un air de "Mona je t'encule !" avant même de me saluer ou me conseiller de boutonner mon mini short.
En réunion, j'ai hésité entre me lever et dire "au revoir" à la manière de François Mit' ou pleurer en hoquetant "mais vous êtes vraiment des gros cons *chiale chiale*".
Au lieu de ça j'ai fermé ma gueule et j'ai commencé à bosser.

Vers midi j'ai fumé une cigarette, il faisait environ moins sept mille degrés.
J'ai éternué, j'ai morvé = je n'avais pas de mouchoirs.
C'est quand mon nez se frottait contre ma manche de manteau payé trois chiffres que le cordonnier canon est passé.
J'avais le choix entre rester le nez collé dans ma manche pleine de morve ou lever la tête le nez plein de morve.
Bref, je ne sortirais jamais avec le cordonnier.

18h07 le suicide imminent je suis partie du boulot chargée comme une mule.
Dans mon sac en papier kraft : ma lunch box, mon nouveau livre qui fait 6kg et mon sac H&M contenant le pantalon que je dois échanger car je dois arrêter de croire que je rentre dans un 29.
Il faisait toujours moins sept mille et j'avais les poches remplis de PQ "au cas où" un accident de morve serait si vite (encore) arrivé,
J'avais mal à la gorge, j'avais du mal à déglutir, j'étais en train de tomber malade et en fait on s'en fout.
Mon sac a craqué devant la porte du bureau sur une grosse merde de chien de riche au moment où le cordonnier allait à sa voiture.
Je ne coucherais jamais avec le cordonnier.

- Champs de Mars Tour Eiffel - un sac poubelle à la main contenant toutes mes affaires, j'en ai perdu mon latin et suis montée dans un train *rimes* qui m’emmenait partout sauf chez moi.
Je me suis enfin rendue compte que je m'étais trompée lorsque j'ai commencé à entendre parler les gens dans un dialecte qui m'était inconnu. Le dialecte d'une banlieue éloignée.
Je suis descendue du train, j'ai attendu un autre train, j'ai repris le train, je suis redescendue du train, j'ai repris un autre train.
Je me suis re-trompée de train.

Le mauvais train était blindé et j'avais tellement envie de faire pipi que je me suis sincèrement demandé si cela se verrait si je pissais dans mon short noir "il est noir nan ?".
Au bout de ma vie mais surtout de chez moi, je suis descendue à Choisy le roi.
Note de l'auteur : pour les non parisiens, c'est l'équivalent sans extrapole de Marseille Paris.
C'est à dire à environ 40 km de chez moi.

Je me suis retrouvée seule sur le parvis de la gare, le mini short toujours très court et une envie tellement pressante de faire pipi que j'ai pensé à faire mine de chercher mes clefs accroupie et en profiter pour pisser un coup.
Au lieu de ça Dieu m'a envoyé un signe : un kebab.

Je suis rentrée dans le kebab, j'ai regardé les gens du kebab, j'ai tenté de tirer sur mon short dans le kebab, j'ai dit que j'étais enceinte au Monsieur du kebab, j'ai fait pipi dans le kebab.
Soulagée je suis ensuite retournée sur le parvis de la gare à attendre un signe.

...

...

Rien ne venait. Alors j'ai appelé un taxi.

1h45 de bouchons plus tard j'étais chez moi avec le sentiment que ma vie n'était qu'une vaste fumisterie.
Je n'ai pas mangé, j'ai jeté toutes mes fringues par terre puis je me suis couchée l'âme en peine.
Mon chat a décidé que c'était le bon moment pour chier à côté de sa litière puis grimper au rideau emportant dans son saut la carafe d'eau posée sur la table qui s'est déversée sur mon clavier d'ordi.
Moi j'étais nue dans mes draps froids et je ne grimpais pas au rideau.

J'ai activé mon réveil et consulté mes notifications facebook : pas d'amis.
J'ai regardé mes messages : toujours pas de réponse.
J'ai regardé mon compte en banque : j'ai pleuré.

Donc si vous me demandez comment je vais, je répondrai :
  "comme un lundi". 

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