Une parisienne chez les belges



Cet article aurait dû s'appeler "une banlieusarde chez les loups" - rapport au fait que j'étais à La Louvière - mais pour le référencement c'était moins bien.

J'avais le choix entre célébrer l'anniversaire de ma mère, admirer le feu d’artifice ou encore fêter le 14 juillet place de la Bastille mais j'ai préféré partir quatre jours en Belgique.
Parce que les feux d'artifice m'ont toujours déprimé et que je suis une mauvaise fille, grâce à mon jet privé Eurolines j'ai pu partir en weekend-end prolongé chez les loups pour 39 € A/R.

Je comptais les jours, les heures et mes poils et alors que je cherchais où était mon monoï, la veille de partir je ne retrouvais plus mes billets de bus. Il était à ce moment précis de l'histoire 00h16.

J'ai retourné mon sac, mon appart et le chien puis me suis souvenue que ledit clebs s'était amusé à bouffer du papier que j'avais par la suite jeté car glisser sur du papier mâché imbibé de pisse et de bave me réjouissait autant que de dîner avec Morano.
J'ai donc regardé dans la poubelle, les billets étaient bien là, posés OKLM entre des lingettes pleines de pisse et des épluchures de concombre. Gloire à Dieu et gloire à moi.

J'ai retrouvé mon monoï, me suis demandée si je prenais 5 ou 6 capotes puis tout à coup je me suis aperçue que le billet posé sur mon lit indiquait RETURN (pour les non-bilingues = retour) mais que je n'avais pas l'aller.
Réflexion ...

... qui n'a pas duré cent ans dans la mesure où je me doutais bien où était mon billet aller, c'est-à-dire au même endroit que le retour, sauf que là : big problem, le sac poubelle je l'avais jeté.

ACTE I - SCÈNE 1
Une jeune femme plutôt bonne sort de chez elle en catimini car elle ne porte ni soutif ni culotte sous son mini short et son crop-top. Par contre elle a des chaussettes dans ses fausses Birk' et des gants Mappa sous les aisselles.

ACTE I - SCÈNE 2
La lumière du local poubelle ne fonctionne plus et ladite jeune fille flippe toujours qu'un serpent, un psychopathe édenté ou Jean-Marie Lepen sortent soudainement d'un coin sombre pour la tuer ou pire l'obliger à rejoindre son parti.
C'est donc à la lumière de l'Iphone 5C affichant 14% de batterie qu'elle a cherché son sac poubelle parmi tant d'autres, et savez-vous comment retrouver un sac poubelle noir parmi d'autres sacs poubelles noirs ?
Réponse : tu les fais tous.

ACTE I - SCÈNE 3
Assise sur le lyno de sa cuisine, une jeune fille aux gants Mappa fouille dans sa propre poubelle à la recherche de son billet-aller car elle part le lendemain.
L'horloge du micro-onde affiche 1h17 et elle se demande si sa vie se résume réellement à chercher un fucking paper dans sa fucking poubelle parmi des fucking trucs dégueu.
La réponse est oui.

A t-elle retrouvé son billet ? La réponse est non.

ACTE I - SCÈNE 4
Au bout de sa vie et de sa poubelle, elle s'interroge sur le pourquoi Dieu la déteste et comment elle en est arrivée à éventrer sa propre poubelle, le short MIAMI BITCH et les ongles manucurés.
Elle se demande comment elle va faire pour partir demain, si elle devra pleurer longtemps devant le chauffeur pour l'amadouer et si un 14 juillet elle trouvera un endroit pour ré-imprimer son fucking billet.
Se dit que ses amis ne servent à rien car ils n'ont pas d'imprimante et que de toute façon sa vie est une vaste arnaque.
Elle regarde son RETURN, les indications sur le billet, attend un miracle, re-regarde le billet, le retourne puis ...

.... RECTO VERSO.

La jeune femme aux cheveux bruns tenait dans sa main un papier recto : ALLER et son verso : RETOUR.

FIN DE L'ACTE I.


Mon sac pesait environ 300 tonnes mais il faisait grand soleil et se traîner telle une loutre échouée est toujours plus cool avec des Rayban Aviator nous le savons tous.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser "mais quelle bolosse" quand j'ai donné mon billet au chauffeur de bus, il ne s'est pas interrogé sur l'odeur dudit billet, j'ai pensé que le mec mignon serait assis à côté de moi dans le bus mais non, j'ai évidemment écopé de la fille au gros cul qui prend l'accoudoir.

Moins de deux heures plus tard la bretelle de mon nouveau soutien gorge Darjeeling à 42€ s'est détachée, me laissant ainsi tout le reste du voyage pour tenter de la remettre sans faire sortir mon sein gauche, ce qui ne fut pas une mince affaire.
Je me suis déboîtée l'épaule et j'ai rendu au moins trois personnes heureuses à force de me palper le téton mais j'ai finalement réussi.

Moins de trois heures plus tard, j'étais en Belgique.


C'est ici même, devant cette gare que j'ai tenté de m'engouffrer dans une voiture rouge, qui de toute évidence n'était pas celle qui venait me chercher dans la mesure où le chauffeur a verrouillé sa porte et que les autres passagers m'ont regardé comme si j'étais dingue.
Ça faisait même pas 10 minutes que j'étais en Belgique et j'avais déjà essayé de forcer une voiture.

Welkom in België !!

Le temps de me remettre de mes émotions, je sortais à la découverte des nuits belges.
FROM PARIS TO ... MONS ♪ ♫

ACTE II - SCÈNE 1.
Comment ça se passe quand on ne boit pas de bière ? Sans vouloir faire ma parisienne snob je ne bois pas de bières à Paris, oui Madame je ne bois que des cocktails et en happy hour s'il vous plait.
Cependant quand tu pars quatre jours en Belgique il faut bien vivre à la locale et sans faire sa française relou, je me suis donc mise aux pintes et ça s'est plutôt bien passé.

A Paris, même pour une pipe on t'offre pas un verre, en Belgique les mecs laissent couler à flot les pintes devant toi, pendant que tu t’interroges sur comment tu vas toutes les finir sans vomir.
La réponse est : tu ne pourras sans doute pas.

Après les bières viennent les pékets (que nous appelons shots) et s'il y a bien une chose qu'il faut savoir sur moi outre mon aversion pour les bottes blanches et Desigual, c'est que je ne sais pas boire de shots.
En effet, j'ai un léger problème qui fait que je peux aisément vomir si je fais des affones (cul-sec de chez nous).
On ne me croit jamais mais je dois donc "couper" tous mes shots quand on m'en offre sous peine de m'afficher sur trois générations.
Pendant ce temps mes copines filment et moi je miaule en disant "mais j'peux pas, mais j'peux pas !! " tout en rajoutant de l'eau dans mon shot de vodka caramel.

Le truc cool - 10 € les 12 pékets - c'est que les shots belges sont passés comme une lettre à la poste, et cela n'a aucun rapport avec le fait que j'en ai bu six.
Le truc moins cool c'est lorsqu'un gentil belge que je ne connaissais absolument pas a voulu offrir à la ptite française un truc appelé "cervelle de singe", flambé devant mes yeux ébahis pendant que les flammes dansaient sur le comptoir.

La suite est très simple, comme expliqué plus haut je ne peux pas boire cul-sec sauf que là, y'avait environ trois cent mille belges (c'est à dire 10) qui tapaient sur la table pour m’encourager donc je ne pouvais pas partir en courant.
Et aussi parce que j'étais un peu pétée.
J'ai tenté de "distiller en deux" le cocktail, j'ai reculé ma chaise d'un bond, j'ai vomis dans mes mains puis terminé sur le mur et mes Stan Smith de parisienne, et ce, devant une tablée de belges hilares.

FIN DE L'ACTE II.


J'ai passé mes journées à bronzer dans un jardin aussi grand que celui des Tuileries, sous un soleil aussi chaud que celui d'Ibiza et mes soirées à boire des bières tout en apprenant toutes les expressions belges que je pouvais retenir (avant la guinze).
Vous serez donc ravis d'apprendre que je parle presque couramment le belge et que je sais désormais reconnaître des becker, barlos, boyards ou barakis (à ne pas confondre avec Bakary, le chauffeur Uber du 93) et que j'ai également chopé un coup d'soleil (à défaut de ...) en Belgique une fois !


Si je devais résumer mon weekend je dirais que même si on ne peut pas s'empêcher de comparer avec Paris, de vendre Paris et d'aimer Paris, la Belgique c'est quand même fort fun.
Les gens sont vraiment trop sympas, trop cool et sont tout sauf snobs, et ça les gars ... ça change des français.
Alors effectivement, tu ne risques pas de choper un hipster en Stan Smith mais le belge lui, t'offrira une pinte même s'il ne connait pas ton prénom et jouera avec toi au kikker (=baby-foot les gars).

J'ai mis deux buts, hurlé PARIS EST MAGIIIIIIIIIIIIQUE comme si j'étais au stade, j'ai aussi joué aux fléchettes et tué presque personne, j'ai goûté des bières trop bonnes et j'ai rencontré plein de gens sympas.
Je précise que j'ai rencontré full de ritals alors que les seuls italiens que je connais en France se comptent sur les doigts d'une main de lépreu.
J'ai mangé les meilleurs sushis de la terre et je suis en dépression de jardin.


Ai-je précisé que sur le trajet du retour j'étais coincée entre une fille en léger surpoids et un mec qui sortait de trois jours du festival de Dour ? (no shower out there).

En passant devant la Tour Eiffel ce matin je me suis dit "ouais, comme d'hab quoi", tout le monde faisait déjà la gueule dans le métro, je suis arrivée au boulot, j'ai rallumé mon ordi, soupiré puis ré-installer Tinder.
Show must go on.





Trajet Paris/ Mons avec Eurolines : 49 euros A/R

11 commentaires