La gênance extrème

© La reines de pommes, Valérie DONZELLI.


Là tu te dis : ok y'a du lourd l'article va être ouf.
Et tu auras raison.

Sache public qu'après plusieurs semaines voire mois de je m'enfoutisme total vis-à-vis de la gente masculine, j'ai finalement craqué pour un garçon que je connais depuis 1905 mais que je n'avais jamais envisagé pour la bonne et simple raison qu'il a piné la terre entière.
Surement toi, ta soeur, ta mère et la fermière.
Il était donc impossible que je me retrouve dans son lit ou sur son pénis.

Ma vie étant très drôle merci beaucoup, on s'est retrouvés par hasard total de la vie et du kilométrage sur une appli de rencontre.
C'est l'été, je suis fauchée, je ne pars pas en vacances et surtout suis aussi seule qu'un poisson rouge dans un aquarium.
La circonstance de retrouvailles étant très drôle, on a commencé à s'échanger nos numéros puis plusieurs messages etc. La base j'ai envie de dire, puis au bout d'un certain temps il m'a invité à passer la soirée chez lui autour d'une bière, un barbecue, un film ... et moi j'y allais sans hésiter et surtout sans crainte de craquer parce que je n'avais aucune envie de me taper le tapin du tiékar et surtout, je connais ce mec depuis mille ans. 
Choper dans son cercle est une vraie mauvaise idée, croyez-en mon expérience.
Donc on a passé plusieurs soirées ensemble, à discuter, à manger, à boire et mater des films.
C'était grave cool.
C'est tout ce qui s'est passé. 
Au début.

Au bout de plusieurs soirées amicales sans aucune ambiguïté - de ma part du moins -  l'alcool et mon ivresse facile aidant, un soir est arrivé ce qu'il devait arriver lorsque l'on passe la soirée avec une bombe aussi canon que moi. 
Impact assuré.

Ce qui est hilarant c'est que la veille j'avais envoyé à BFF la liste des 10 raisons pour lesquelles je ne coucherais jamais avec ce mec et qu'il était impossible Oh vraiment peu probable qu'il se passe quoi que ce soit avec lui.

Donc là tu te dis que j'ai autant de conviction qu'une huître et tu auras raison, totalement raison.

Tandis que les choses dérapaient pour mon plus grand "OMG WTF" je n'arrêtais pas de répéter :
- "c'est n'importe quoi, c'est n'importe quoi" (enfin c'était plutôt : c'est n'porte *hic* quoi, n'imp qu*hic*quoi) pendant qu'il détachait mon soutif et découvrait le Sein Grâal.
Quelques heures plus tard il ronflait et moi j'avais envie de pisser.
Impossible de me rendormir avec une envie de pipi et puis aucune envie de rester dormir chez lui en réalité.

A tatillon, dans le noir, entre le chien qui s'était endormi sur le lit (?!? depuis combien de temps était-il là ?) et les fringues éparpillées, je tentais tant bien que mal de retrouver mon pantalon.
 - oh putain c'est serré ! -  ah merde c'est pas le mien. 
Où est mon t-shirt ? Putain, bon tant pis, j'ai attrapé mon manteau, l'ai ceinturé par-dessus mon soutien-gorge et j'ai cherché mon sac, sac à 500 $ sur lequel cet enfoiré de chien s'était endormi.
J'ai avancé vers la porte sur la pointe des pieds, en tenant fermement mes clefs dans ma poche pour ne pas qu'elle "cling cling" et qu'elle réveille mon amant qui ronflait comme un porc.

Tandis que j'avançais à l'aveuglette, j'ai glissé sur une capote et j'ai failli me péter le col du fémur.
C'était dégueulasse mais rassurant.
J'ai voulu ouvrir la porte mais elle était fermée. Je l'ai déverrouillé dans un silence de mort et suis sortie de la chambre aussi légère qu'une plume. 
Je me suis dirigée vers la porte d'entrée, toujours sur la pointe des pieds et j'ai pressé la poignée pour sortir. 
La porte était aussi fermée à clefs. 
Bordel !
Sur la droite, un tableau avec cent milliards de clefs. J'avais donc une chance sur ... cent milliards de trouver la bonne.
J'ai attrapé une première clef, sans succès. Une deuxième, toujours rien. La troisième était la bonne, alléluia je suis sortie de chez lui pieds nus, tenant mes mules de 15 cm dans ma main et j'ai traversé ma ville dans un walk of shame estival de toute beauté.
Arrivée chez moi j'ai viré le peu de fringues que j'avais sur moi et je me suis enfin endormie dans un lit qui était le mien, sans chien pervers et sans ronflements.

Suite à cet épisode fort hilarant, j'ai fréquenté ce mec quelques semaines bien que celui-ci soit en couple.
Ah oui désolée j'avais omis ce détail de l'histoire, le mec a une copine.
Malheureusement pour elle et heureusement pour moi ce mec était aussi fidèle que Tiger Woods, ce qui était rebutant au début de l'histoire - et raison évidente pour laquelle je n'envisageais rien d'autre que des soirées barbeuc avec lui - mais ça c'était quand j'avais encore des principes car pour l'heure je ne pensais qu'avec mon moi intérieur et interne.

Pour la petite histoire, le lendemain de cette soirée de toutes les surprises il m'a envoyé un message se rendant compte que 1) je n'étais plus là et 2) la quasi totalité de mes fringues étaient restées chez lui.



Nous nous sommes vus régulièrement, c'était léger et sympa cette petite amourette de vacances, jusqu'à ce que tout parte en couilles - forcément.
Un soir, alors que nous avions prévu de regarder "le Roi lion" et que finalement nous étions directement passés à "comment s'entrainer à faire des enfants et se faire plaisir", j'étais tranquillement en train de récupérer de mon coït et d'admirer à quel point mes cheveux étaient laids après l'amour, lorsque Simba alla se faire un steak puisque apparemment il est tout à fait normal qu'un homme veuille se faire un pavé de bœuf après le sexe.
J'étais donc étendue sur l'herbe son lit telle une antilope qui attendait de se faire (re)croquer lorsque tout-à-coup j'ai entendu quelqu'un taper au carreau.
Ok, hallucination post-sexe sans doute, j'attendais toujours le retour de mon lion quand ça a re-toqué au carreau.
OH PUTAIN SA MEUF !!!

J'ai bondi telle l'antilope des steppes, j'ai couru silencieusement (imaginez tous la scène) jusqu'à la cuisine et j'ai mimé quelqu'un qui tapait au carreau puis le WTF avec mes mains.
Simba a mimé le "va tout de suite dans le salon !!" et j'ai sauté sur le canapé.

Et là... a commencé l'épisode que j'appelle : la gênance extrême.

Ce que vous ignoriez cher public, c'est que Simba ne vit pas seul mais en colocation.
Coloc que je connaissais dans la mesure où moi-même je connaissais Simba depuis mille ans.
Nos retrouvailles se sont déroulées de la manière suivante :
- moi sautant soudainement sur le canapé, à moitié sur les genoux du coloc, dégageant le chien d'une main ferme et les cheveux tels Hafida Turner, tandis que les mecs regardaient tranquillement la télé dans le plus grand des calmes au moment de l'impact de ma présence non-prévue et attendue de mon séant sur leur canapé.
J'ai nommé : le saut de l'ange.

Gênance extrême.

Moi : qui essaye toujours de paraitre cool et détendue alors que je ne suis pas certaine que je portais une culotte.
- Saluuuuuuut ! Ca va les gars ?
Les gars : qui me regardaient comme si j'étais folle et le coloc qui commence à m'engueuler parce que j'avais poussé le chien.

A ce moment précis de l'histoire j'ai eu envie de lui dire :
- "sérieusement mec ? Tu penses que j'en ai quelque chose à FOUTRE de ton chien pervers qui me regarde tailler du bois ? Penses-tu RÉELLEMENT qu'au regard de la situation actuelle, j'en ai sincèrement quelque chose à cirer de la manière dont j'ai dégagé ton putain de clébard pour me cacher dan ton salon ? 
NON SERIOUSLY ?!?!! T'as pas l'impression que la situation est anormale ? Que je préfèrerais être n'importe où sauf ici, en planque sur ton putain de canap ?".

Mais je me suis abstenue.
Premièrement parce que j'avais besoin de sa coopération, que j'avais déjà honte d'être visible étant donné que personne n'était au courant de nos petites affaires de lions et surtout, parce que Simba a accouru dans le salon en me balançant mon sac, mon manteau et mes Stan dans la gueule, en faisant "psttttt pchtttt" avec ses mains, d'un air de : "dégage maintenant !".

Moi, le manteau à moitié sur la gueule et les Stan éparpillées, le coloc qui me regardait toujours de travers, son pote qui ne comprenait toujours rien parce qu'il est trop con et le chien qui m'observait en coin et me jugeait tout en se délectant les babines de la situation ce fils de pute.

Dans ce chaos tout ce que j'ai trouvé à dire c'était "et mon Iphone ?" qui chargeait dans sa chambre.
A côté de mes bracelets. Eux-mêmes à coté de mon string panthère. Lui-même à côté de trois emballages de capotes.

Voilà voilà.

J'étais au max de la situation merdique, situations dans lesquelles j'excelle dans l'art de m'y fourrer un peu trop souvent à mon goût.
Quand soudain, l'illumination a coupé court à mon envie de suicide imminent,

- Aaaaaah ok j'ai compris ! a fait le coloc.
- ?!? a fait l'autre mec.
- Ouaf ouaf ! a fait le chien.
- Ah ah ah on en rira plus tard ! a menti Mona.

J'avais envie de m'enterrer vivante ou d'hiberner sous terre et ne sortir que pour les soldes d'hiver 2018.
Sans déconner, la gênance, la honte de la mort, j'étais au plus mal du malaise malaisant.

Les colocs ont ri de bon coeur tout en continuant de regarder The Voice Kids et moi j'ai mis mes Stan Smith tout en tentant de rester digne, ce qui n'était pas évident.
Simba est revenu de nouveau dans le plus grand des calmes et m'a dit "mais non y'a personne !" et a continué de faire cuire son steak dans la plus grande des décontractions.

Étais-je la seule à avoir vécu ce moment ou bien tout le monde était anormalement passé à autre chose ?

Sans un regard je me suis levée pour aller dans sa chambre, j'ai récupéré mes effets personnels mais pas ma dignité et alors que j'avais envie de le déboiter, le dérouler, lui faire un long et puissant discours à base de :

- Moi on me cache ? Non mais sérieusement MOI on me cache ? Moi on me cache pas moi, moi je suis une Reine moi. Je pars pas par la porte de derrière avec mon manteau sur la tête.
Je suis une BOMBE moi, je pars pas moi. On m'assume moi ! On est fier, on se la raconte de me côtoyer, on me balance pas mes chaussures dans la tronche sans vergogne parce qu'une pucelle tape au carreau.
JE SUIS L'EXCELLENCE BORDEL !"

Mais au lieu de ça j'étais tellement honteuse et énervée que j'ai dit "vazi vazi vazi vazi vazi ..." en boucle et que je suis partie, la tête presque haute et par la porte de devant s'il vous plait.
Lui, a voulu faire une joke et m'a dit "attention qu'on ne t'attende pas devant le portail pour te tirer les cheveux ! ah ah ah." et j'ai eu envie de répondre :

- Moi on me tire les cheveux à moi ? Moi on me bouillave moi ? Moi on me bouillave pas moi. Moi je me bats pas pour un mec mon gars, j'ai pas ton temps ! Je suis l'excellence bordel !".

Mais à la place j'ai dit "azi azi azi azi azi ...." en boucle et ce jusqu'à chez moi ou plus personne n'était là pour m'entendre.

On n'a jamais su qui avait tapé au carreau et à vrai dire ça m'est bien égal.
J'ai compris que je n'étais pas le genre de fille à se cacher puis partir par la fenêtre, quand bien-même le mec habite au rez-de-chaussée.
Je suis plutôt le genre à me fourrer dans des situations rocambolesques mais pas au point d'y laisser mon honneur.

Enfin ... oui bon.  Je l'ai revu quand même un peu. UN PEU !

Puis la situation ne me convenait plus, sa copine existait toujours et j'avais mieux à faire que perdre mon temps avec un mec qui donnait des tickets d'entrée aux meufs qu'il côtoyait tellement c'était le défilé.

Je suis mannequin c'est vrai, mais mannequin d'excellence bordel !

Et à vrai dire, je ne pouvais décemment pas fréquenter un mec qui lorsque je lui envoie une photo sexy avant de dormir, m'a répondu le message suivant :



Moi on me dit bonne nuit à moi ? Moi on me dit bonne nuit quand j'envoie une photo sexy ? 

Azi azi azi azi azi azi azi azi azi azi azi azi azi .....

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