Ma dernière journée d'école, mon dernier date - et le dénouement tant attendu du sac Vuitton


Aujourd'hui c'est mon dernier jour de cours, la dernière fois que je prends le chemin qui me mène à l'école, ces dix minutes de marche et ma classe que j'adore.
Quand je suis arrivée en formation j'étais très angoissée. J'avais peur d'avoir tout quitté et finalement ne pas y arriver, que ça ne me plaise pas, que je me vautre complet.
J'avais peur de m'être trompée de chemin, de voie, de vie. Je n'avais pas confiance en moi, j'étais en situation d'échec permanente.
Puis j'ai commencé ma formation.

Au début, j'ai mis du temps à réellement m'intégrer aux autres, ils se sont tous soudés rapidement, se chambraient et j'avais du mal à trouver ma place. 
J’étais là pour travailler, j'avais tout sacrifié pour ça et que je n'avais pas le temps de me distraire. J'étais là pour bosser.
J'ai toujours eu du mal à intégrer des groupes, malgré mon côté hyper sociable et extraverti, en fait je suis très timide. J'ai toujours peur qu'on me juge, qu'on ne m'aime pas, d'être rejetée. Donc je suis méfiante et parfois trop fermée, trop solitaire.

Le jour où j'ai fait un pas vers eux, que j'ai mis ma méfiance de côté j'ai trouvé une vraie famille.

Ma classe a toujours été très soudée, on s'est toujours TOUS soutenus, personne n'a jamais été laissé de côté, nous sommes une vraie team, très liés.
Toutes ces personnes les plus différentes les unes des autres ont été un vrai soutien, un vrai pilier pendant ces mois de formation.
J'ai appris ce que c'était que d'avoir des vraies personnes bienveillantes autour de soi, qui ne nous jalousent pas, nous soutiennent et nous tirent vers le haut, surtout dans le domaine professionnel.
J'ai découvert une vraie solidarité.

Tous ces gens m'ont aidé à prendre confiance en moi, à travailler mes entretiens, mes projets mes dossiers etc. 
Ils ont été là à chaque moment de ma formation, toujours soudés, toujours derrière moi.
Ils vont énormément me manquer.
Ne plus les avoir près de moi va laisser un grand vide. 
Je m'envole pour une nouvelle aventure mais quoi qu'il arrive je les aurai toujours près de moi.
C'est le début de quelque chose de nouveau, mon nouveau travail, mais en aucun cas la fin de notre team.
Je les aime trop. Grâce à eux je suis devenue quelqu'un de plus confiant, qui croit en ces capacités et tout ça je leur doit, à chacun d'eux.
Quand la vie met sur votre chemin des personnes bienveillantes il faut savoir la remercier.
Moi je ne les remercierai jamais assez pour tout ce qu'ils m'ont apporté.

Ce soir je quitterai ma classe mais pas mon équipe.


Hier soir j'avais un rencard, le premier depuis plusieurs mois, le genre de rencontre improbable et spontanée à laquelle on ne croit plus.
Je rentrais d'une soirée avec mon acolyte, mon amie, la tatoueuse, la blogueuse et clairvoyante célèbre Matka et alors qu'il pleuvait et que j'allais vers mon bus, je l'ai rencontré.
J'avais la flegme de rentrer à pieds, j'avais les cheveux dans les yeux tellement il y avait du vent et j'ai à peine levé la tête pour lui demander du feu.
La connexion s'est faite tout de suite, on n'a pas arrêté de discuter, de rigoler et se marrer puis on a pris le bus ensemble.
15 minutes plus tard j'étais chez moi avec son numéro enregistré. On s'est écrits, on a encore ri et hier soir nous avons pris un verre.

Dois-je réellement parler du moment où quand on s'est installés le mec m'a sorti dans la décontraction la plus totale "bon je m’assois mais normalement je ne peux pas parce que je me suis fait opérer du cul" ?

Suivi de :

J'avais un poil incarné au dessus de la raie du coup on m'a charcuté j'ai une plaie béante dans le cul.

Totalement..

On a pris des verres, c'était cool. Il a parlé de son ex et c'était pas cool.
On a terminé la soirée chez lui à boire du thé vert et écouter Booba, c'était cool. Il m'a dit qu'il était très poilu du cul "et toi ?" et c'était moins cool.

Bref, si on oublie son mono-sourcil et sa prise de drogue douce excessive le mec était plutôt cool.
Je n'avais rien à redire en fait, même s'il était poilu du cul c'est un endroit où je vais rarement - voire quasiment jamais - m'aventurer donc vraiment, le mec était sympa drôle, mignon, intéressant. *
Il avait tout pour lui mais moi, j’avais la tête ailleurs. 
Donc même si on a passé une soirée hyper sympa, je n’arrêtais pas de penser à celui avec qui j’aurai préféré la partager.

Dois-je réellement évoquer la scène du retour en taxi lorsque soudainement, la chaleur et les cookies avalés toute la soirée m’ont fait demander au chauffeur de s’arrêter right now pour que je puisse vomir en toute décontraction sur la bande d’arrêt d’urgence ?

Est-ce-que mon iPhone est vraiment tombé de ma poche pendant que je me vidais l’estomac et s’est explosé de son écran le plus total ? 

Ai-je sincèrement fait un remake du geyzer inondant l’A86 alors que j’étais à cinq minutes de chez moi ? Absolument. 



Bon, allez, stoppons le suspense. Je sais que vous attendez tous la suite, la fin, le dénouement improbable de l'histoire du sac Vuitton ...

En fait c'est très simple, lorsque ma soeur a pris le train ce jour là, au bout de sa vie car phobique des transports en commun, elle déposait son fils chez son papa.
Elle a donc pris le train avec deux sacs, deux cabas identiques. L'un avec les affaires du petit, l'autre avec les siennes contenant le sac Vuitton, le portable de ma mère et ses dossiers dont vous vous souvenez tous aisément.

Après cette fameuse journée du WTF, le dimanche suivant, le père de Nerio a ramené son fils chez sa mère et lorsqu'il a tapé à sa porte et que ma soeur lui a ouvert ... il avait le sac Vuitton au bras.

Sur le moment, ma soeur est restée bouche bée, entre le WTF et l'envie de lui casser les dents.
Elle n'a pas réfléchi longtemps, elle lui a bondi dessus. Il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas, son sac Vuitton en faisait parti.
Elle s'est ruée sur lui en hurlant,

- MAIS WTF QU'EST CE QUE TU FOUS AVEC MON SAC VUITTON BORDEL ?

tu me suis ? tu m'a suivi ? tu m'as volé le sac ? mais t'es un malade ! mais t'es un ouf ! mais mon oncle va venir te tirer une balle dans la bite, mais tu vas mourir ! mais sérieusement ? t'as cru que tu pouvais prendre mon sac, mais à COMBIEN tu estimes le coût de ta vie ? 

Le mec n'a pas compris ce qu'il lui arrivait et entre deux droites il a articulé,

- mais c'est toi qui l'a mis dans les affaires de Nerio !

(...) 

Hein ?

- Espèce de tarée !

Il a balancé les affaires du petit, le Vuitton (mais pas le gamin) dans la tronche de ma soeur puis s'est barré. Très certainement pour porter plainte pour coups et blessures.
En y réfléchissant, ma soeur s'est posée la question suivante :

Mais que foutait-il avait le sac ?

Puis soudain, l'illumination. La compréhension et enfin ... le "putain j'suis trop con".

Quand ma soeur a pris le train ce jour-là, elle avait deux sacs. L'un avec le sac du petit, l'autre ses affaires. 
Quand elle a plié le sac Vuitton pour me le filer, elle l'a rangé dans le mauvais sac : celui du petit.
Quand le père a ouvert le sac du gamin il s'est dit que son ex était vraiment une tarée et qu'afficher son sac de luxe comme une poule était ridicule.
Il lui avait donc ramené son sac de poule, juste avant de se faire péter les dents.

Ce jour-là, Meghann avait rangé le Vuitton dans le mauvais sac, ce qui nous a sauvé la vie et a sauvé  Louis.
Si elle ne s'était pas trompée, on aurait perdu le téléphone de ma mère ET Louis Vuivui.

Gloire à ma soeur qui s'est trompée de sacs.
Gloire à Benoit.
Gloire à mon boulot signé ce jour-là
Gloire à ma classe, mes camarades à vie
Gloire à mon date et son poil de cul
Gloire au suivant.

Gloire à vous tous qui me lisez et nous ont harcelé, ma soeur et moi, pour connaitre la suite du Vuitton.

Mona, ancienne élève.

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