Ou comment je me suis retrouvée dans la Brigade Anti-Déminage


Oui tu as bien lu.


En mars dernier, pour ceux qui l'ignorent parce que vous ne me suiviez pas sur les réseaux sociaux et vous ratez un truc de ouf, j'ai organisé une surprise à ma grand-mère en l'invitant deux jours à Paris, dont l'idée principale était de l'emmener à l'Opéra Bastille pour voir le Lac des Cygnes.
Pour la petite histoire sentimentale, j'avais promis à ma grand-mère qu'avec mon premier salaire je l'emmènerais à l'Opéra.
Au lieu de ça, j'ai claqué 200€ chez H&M et s'en sont suivi des années à claquer mes payes dans je ne sais quoi sauf un billet pour l'Opéra. #shame.
L'autre jour je me suis d'ailleurs demandé où était passé tout mon argent ces dix dernières années, n'ayant ni voiture, ni maison, ni hélico.
Dieu seul sait ...

Ma vie professionnelle - et financière - ayant changé Dieu merci (surtout merci à moi en fait), j'ai décidé en novembre dernier d'acheter deux places pour le Lac des Cygnes.
J'ai gardé le secret pendant des mois, attendant le bon moment pour lui offrir et l'Épiphanie a été le moment parfait.
Bon, en vrai on était chez Flunch et on mangeait des gaufres chantilly mais c'était le seul moment où nous étions toutes les deux donc j'en ai profité.
J'ai failli pleurer, ma Mamie s'est retenue en lisant ma lettre, dans laquelle j'avais donné toutes mes compétences en graphisme pour lui préparer un joli courrier avec l'invitation pour deux jours parisiens.
Je ne lui ai bien entendu, pas parlé du Lac des Cygnes, j'ai simplement dit que je l'invitais deux jours à Paris en Mars, qu'elle devait simplement prendre un sac avec de quoi dormir et une robe de soirée.
Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Le mois de mars est arrivé très vite et la surprise fut totale.
J'avais réservé un hôtel juste à côté (mon premier hôtel à Paris, on prend pas des Formule un nouuuuuuuuuus ! (qui sont ces gens qui parlent comme ça svp ?) (arrêtez tout de suite).
Nous avons passé la journée au Jardin des plantes (magnifique), le soir on s'est préparées et en arrivant devant l'Opéra je lui ai dit "tiens moi ça stp", et je lui ai donné les places.
Elle a dit "roooooooh Mona !" mais elle était hyper émue et moi j'ai enfoncé mes ongles dans mes paumes pour ne pas craquer et exploser en sanglots.
Vous ne faites pas ça vous ? (planter vos ongles dans vos paumes pour ne pas pleurer, pas emmener votre mamie à l'Opéra).

Ma grand-mère n'est (malheureusement) pas le genre de personne dont la famille la gâte et lui offre de jolies choses, j'étais super émue et super fière de lui faire ce cadeau qu'elle mérite à l'infini.
J'avais hyper bien choisi les places en plus et quand les premières notes de Tchaïkovsy ont retenti, j'ai eu des frissons.
J'ai failli me battre avec le mec devant nous qui ressemblait à un gros Sarkozyste, ce qui n'est pas important selon moi, sauf si le mec passe tout le spectacle sur son téléphone comme un gros lourd.
Je n'ai pas eu le temps de lui dire d'aller niquer son reup que quelqu'un m'a devancé.
C'était pas plus mal, cela m'a évité la scène gênante devant mamie à lui expliquer ce que reup signifiait.

Le spectacle était, sans surprise, magnifique, si on oublie l'entracte durant lequel j'ai payé ma bouteille d'eau au prix d'une coupe de Moët.


Le lendemain, nous avions encore la journée pour nous à flâner dans Paris, et, ma grand-mère et moi aimant les sorties "culturelles", nous avons visité la Conciergerie et la Sainte Chapelle.

Et c'est à ce moment-là, que ma chkoumoune entra en scène...

La Conciergerie était super, la guide racontait toute l'histoire de la Révolution française comme elle racontait une histoire et j'étais à fond, je l'écoutais avec des énormes yeux et mes oreilles aux aguets.
On avait vraiment l'impression d'y être ! J'ai failli appeler ma fille que je n'ai pas Marie-Antoinette.
Je vous jure.

En sortant de la visite, nous sommes parties visiter la Saint Chapelle cette fois, et là encore j'en ai pris plein les yeux et les oreilles.
Les guides étaient tous deux GE-NIAUX, j'avais vraiment l'impression de participer à la Révolution et d'être la BFF de Marie-Anto. La visite a duré une heure, mon mec devait nous rejoindre ensuite pour les présentations "mamie/ B. the champ" sauf que... j'ai eu envie d'aller aux toilettes. 
Genre urgemment.

La Révolution française, bien qu'étant une période hyper sympa et hyper friendly #joke, à l'époque personne n'a pensé à construire des toilettes dans la Sainte Chapelle (cimer Robespierre) du coup, j'ai filé en vitesse demander à un guide où je pouvais aller au lieu d'aisance.
Apparemment, "en sortant sur votre droite puis première porte dans le bâtiment de droite, à gauche", il y avait des toilettes.
Ok Mamie tu ne bouges pas, je reviens tout de suite.

Je suis entrée dans le bâtiment, il y avait un ascenseur, qui ne marchait pas. Ok j'ai dévalé les marches en serrant ce que j'avais à serrer pour éviter tout accident et j'ai couru dans le couloir à la recherche du Saint Grââl, c'est-à-dire le pictogramme des WC.
Sans succès.
Je me suis ensuite retrouvée dans de longs couloirs, donnant eux-même sur de longs couloirs, donnant eux-mêmes sur plein d'autres trucs sauf des chiottes. Putain j'suis où là ?

Après de trèèèèèès longues minutes à arpenter ces fucking couloirs, j'ai demandé mon chemin à... un mec en robe noire à collerette blanche, perruque assortie.

- Excusez-moi Louis-Philippe ?
- Pardon ?
- Heu, Maitre ? Où sont les toilettes s'il vous plait ?

En regardant autour de moi, des mecs en robe, des avocats de partouuuuuuuut, mais où j'avais atteri putain ? Il y  a quinze minutes j'étais en pleine Église baroque et là, j'assistais au Congrès des avocats de France et de Navarre.
- Au fond sur la droite, aile Ouest puis vous prenez la lettre Y et vous suivez le couloir jusqu'au Z après deux étages et à gauche.

SU-PER.

J'ai continué de marcher, d'ouvrir des portes "coucou le procès en cours, excusez-moi je cherche juste les chiottes", j'ai marché, marché, descendu des marches, monter des étages, pris à droite, ouvert encore des portes "ah pardon c'est un placard à balais", mais toujours aucune trace des toilettes.
Mais on est en quelle année svp ? J'ai pris un vortex sans m'en rendre compte ?

J'ai aperçu une militaire (?!) je lui ai demandé mon chemin, elle m'a dit "suivez-moi", je l'ai suivi tout en lisant les blasons accrochés sur son épaule "Armée de Côte d'Ivoire", ok j'étais en Côte d'Ivoire,  super, ça allait me coûter un bras pour rentrer à Paris.

Après plusieurs minutes de marche et de follow to follow, elle m'a indiqué la droite et dit "c'est ici".  E N F I N
La suite est interdite au moins de 45 ans.

+ 23 minutes, je sortais ENFIN des toilettes, m'excusais auprès de la personne attendant après moi tout en me demandant si elle aussi, avait traversé les continents pour aller aux chiottes.
Certainement que non.
J'ai donc tout naturellement descendu les étages, suivi les "chemins" et j'ai atterri en plein milieu d'une cour. Lost de chez lost.
Impossible de sortir, impossible de faire demi-tour, j'allais terminer mes jours dans cette cour en Côte d'Ivoire - ou à Paris je ne savais plus trop.
JPP

Il y avait un bâtiment, avec une petite porte, je l'ai poussé et là.... j'étais en plein milieu d'un QG rempli de flics avec des brassards, qui prenaient leur pause dej et se sont stoppés nets, la fourchette suspendue à leurs lèvres quand je suis rentrée, et moi, bugant littéralement, sur pause.
J'ai regardé derrière moi, dans la cour il y avait plein de camions aux logos de la Police et de l'anti-déminage.


Les flics se sont levés d'un coup, j'ai essayé d'activer mon costume de Antman pour rétrécir sauf que je l'avais oublié chez moi.

- Heu bonjour ?

Après, tout s'est enchaîné. Je me suis mise à parler hyper vite, en avalant les syllabes les unes après les autres, si bien que rapidement je ne me suis exprimée que par consommes, puis onomatopées puis tout est parti en couilles et j'ai remonté l'histoire de ma vie, sans oublier quand j'ai poussé ma petite soeur dans le jardin alors qu'elle avait 4 ans.

- On n'a rien compris frère.
(non en vrai personne n'a dit ça).

En fait une fois calmée et syllabée, j'ai compris que j'avais traversé toute une Assemblée, le Palais de Justice et d'autres trucs que j'avais oublié pour atterrir en plein QG de keufs et de "ne m'arrêtez pas j'ai rien vu je le jure ! Je vois rien, je dirais rien je ne suis même pas là !!"

Ils m'ont fait passer par leur "entrée", dans laquelle je devais (re)traverser un sas de contrôle, dans lequel j'ai évidemment bipé.

- J'ai rien sur moi, je vous promets ! C'est mon piercing au nombril !
- On sait frère
(non personne n'a jamais dit ça non plus).

Je suis sortie, ENFIN, je pensais à Mamie qui m'attendait depuis 7 ans et j'ai réalisé l'émotion que Jon a eu quand Sansa est rentrée  à Winterfell.

J'imaginais ma mamie toute seule en bas de la Sainte Chapelle, à attendre sa petite fille en mode "Anastasia" et me demandais si elle aussi, elle offrait une récompense à qui retrouverait son enfant chéri.
La réponse est : "mais qu'est-ce-que tu fais ?? je t'attends depuis 20 minutes t'es où ?" et j'ai dû mettre le GPS sur mon téléphone pour retrouver mon chemin et la rejoindre.

Quand je lui ai raconté mon récit et mes aventures en Afrique, elle a explosé de rire, celui qu'elle a quand je dis ou fait des énormités, celui de "il n'y a vraiment que toi pour faire ça".

N'y a t-il réellement que moi pour faire ça ? Absolument.


Le fait est qu'il fallait maintenant retrouver mon mec, qui devait nous rejoindre donc. J'avais presque plus de batterie, je l'ai appelé, il m'a dit qu'il était en face de la Chapelle.

- Bah nan j'y suis je te vois pas
- Mais si la Chapelle, je suis devant la Cathédrale
- La Cathédrale ou la Chapelle ?
- Bah, la Chapelle, enfin je crois
- Es-tu à la SAINTE CHAPELLE ? (tu le sens mon ton qui se vénère là ?)
- Attends ... AH ! Nan, je suis à la Cathédrale
- Quelle Cathédrale ?
- Bah celle de Reims !
- Bah celle de Beauvais !
- Bah celle de Sao Paulo !
- Celle de Paris ! Je suis à Nôtre-Dame de Paris.
- ...


Il est sérieux lui pour se perdre comme ça ?!? Le gars je lui envoie une adresse, un horaire, il faut que je le porte sur mon dos aussi ? Il sait pas se repérer sérieux ??? J'ai pensé très fort.
Mais du coup je n'ai rien dit et j'ai attendu, parce que bon, vous-mêmes vous savez, j'ai traversé les Indes, il pouvait bien traverser un pont.

GROS BIG UP A MAMIE ET TOUS LES FLICS DE LA BAC AVEC QUI J'AI TAPÉ DES GROSSES BARRES ! (c'est faux).

 

❤ ❤ 




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