Ces dates qui m'ont marqué


A la manière d'un "STORY TIME" sur Youtube, je vais vous raconter ces dates qui ont marqué mon esprit.
Si tu te demandes pourquoi je ne fais pas de chaîne Youtube, la réponse est que la caméra me donne 6kg en plus.
Et accessoirement que je n'ai pas de caméra.

Parce que savoir que j'ai roulé ma première pelle en CE2 (et que ça m'a archi deg) ou mon premier mot d'amour en CM1 (je lui ai jeté à la tronche, j'étais déjà dans le drama) nous ferait remonter un peu trop loin dans le temps, nous allons nous concentrer sur la majorité, c'est à dire à partir de mes 18 ans.

7 juillet 2007.

Je passe mon bac au rattrapage. Je ne pensais tellement pas l'avoir que je ne me suis même pas déplacée pour connaître les résultats. Je me suis contentée d'actualiser la page officielle de l'Education Nationale et quand j'ai lu "admise au second groupe" je n'ai même pas compris ce que ça voulait dire.
Entre temps, ma prof principale me harcelait d'appels pour que je vienne m'inscrire au rattrapage donc, sans quoi mes matières ne seraient pas choisies et donc, ce serait définitivement mort pour moi.
Le lycée où je devais me rendre pour ces démarches étaient à "0 bornes de chez moi, j'ai pris un taxi qui m'a coûté 50 balles svp.
Le hasard de la vie, qui n'en ai pas un si comme moi, vous ne croyez pas au hasard, la prof qui m'a aidé à choisir mes matières est la jumelle de la prof que j'avais eu en seconde et première.
Cette même prof qui m'avait dit un jour que j'étais son soleil.
Je ferais prochainement un article sur ces phrases qui m'ont marqué.

Mes matières choisies, celles ou j'avais eu respectivement 5 et 3 (coeff total 12) je me suis précipitée à la librairie du coin pour acheter les annales de l'économie et j'ai plus appris et retenu en deux jours de révision qu'en trois années d'études. 
Le jour J est arrivé, je suis passée le matin et les résultats étaient à 17h00, j'ai attendu toute la journée avec mes copines l'heure fatidique.
Pour vous situer cette année-là, je changeais de lycée et retrouvais ma super pote Full Prana (que vous connaissez tous si vous me suivez sur Instagram) et deux autres copines.
Nous avons passé l'année à 4, inséparables et imperturbables. Mais légèrement "bruyantes".
Cette alchimie certaine et nonchalance juvénile n'ont absolument pas plu à nos professeurs qui nous ont traité comme des criminelles dès le début de l'année. En plus, moi je venais de ZEP et ça n'arrangeait rien à notre réputation (cf. ma prof principale).

Cette année-là (soixante deuuuuuuuuuuuuuuuuux), on a surfé entre les avertissements de travail et de conduite, mais aussi les doux sobriquets dont nous affublaient nos professeurs tels que le "néant", ou "page blanche", rapport à notre inutilité vitale.
Bref, Full Prana a eu son bac du premier coup et nous trois sommes restées en attente des résultats all day long.
Quand les noms ont été affichés, j'ai scrollé la liste à la recherche du mien, en survolant ceux de mes deux amies et puis je l'ai vu : mon nom.
J'ai regardé mes copines, j'ai dit "putain on l'a eu" et on s'est mises à pleurer dans les bras les unes des autres, faisant ainsi chialer tout le reste de la classe.
A ce jour, mon bac reste l'élément le plus important de ma vie.

1er août 2011.

Je travaille à la sandwicherie de mon centre commercial, comme tous les jeunes d'ici.
Nous sommes une petite équipe à bosser les un près des autres, dont ma soeur.
Autant vous dire que les pauses clopes et les pauses café ont fusé tout l'été.

Ce jour-là, je m'étais encore pris la tête avec mon copain, avec qui j'étais depuis 5 ans.
Au début, c'était Disney tous les jours, premier vrai amour, premiers projets de jeunesse, comment on appellera nos enfants, bague au doigt au bout de 3 mois et repas chez ses parents tous les vendredis.
Je postais des photos de niais prises à la la webcam sur mon skyblog et m’entraînais à signer de son nom de famille.

Puis c'est rapidement parti en couilles parce que nous étions très différents, au niveau culturel, du caractère et finalement n'avions pas grand chose en commun.
Par exemple, pour vous situer les bails, le 31 octobre 2008 je fêtais mes 20 ans en famille je crois, et avec lui.
Le soir, BFF faisait une soirée chez elle car comme vous le savez - ou pas - Full Prana, BFF et moi sommes toutes les trois nées en octobre.
Mon copain était actuellement en école de police, nous sommes partis à la soirée de BFF et sur place, des personnes fumaient de l'herbe - sommes toutes nous avions 20 ans - et c'était régulier qu'en soirée certains s'adonnent aux plaisirs bio.
Mon mec a quitté la soirée sans rien dire à personne, ni bonjour ni au revoir ni bon anniversaire BFF parce qu'il ne voulait pas inhaler la fumée et être positif au THC pour son examen.
Outre la honte du mec malpoli, j'ai menti aux gens sur son départ et j'ai moi aussi quitté la soirée en lui courant après dans la rue, sous la pluie (sinon c'était pas drama) pour le retenir de rentrer chez lui/ me quitter, en pleurant.
Joyeux 20 ans Mona.

Bref, août 2011, on se prend une fois de plus la tête par message et là le mec m'annonce en toute décontraction qu'on ne se verra pas pendant un mois, allez ciao.
Heu ? What ? Mais va te faire voir sale piniouf, sont les mots que j'ai prononcé à voix haute, juste avant "nan mais c'est fini là ça m'a saoulé".
L'instant d'après je faisais cuire un panini au trois fromages, une semaine après je roucoulais avec B20 le psycho (lire l'article) et 10 jours plus tard j’apprenais que j'allais être tata.
Cette rupture non annoncée m'a libérée, délivrée, sauvée. Je me suis sentie vivre, enfin.

Après B20, il y a eu d'autres mecs, d'autres histoires, plein d'aventures et c'était une période de ma vie géniale dans laquelle je me sentais épanouie, heureuse et libre.
Lorsqu'il a voulu revenir, en pleurant à son tour, c'était terminé, la page était tournée.
Il est rentré chez lui en reniflant et moi en respirant à plein poumon l'air pollué de Paris mais qu'importe, j'étais libre.
Une des meilleures décisions de ma vie.

16 mai 2012.

Il est minuit passées et j'attends l'appel de ma soeur pour m'annoncer la nouvelle.
Je suis avec mon copain du moment, dans ma chambre d'ado chez ma mère et je cogite, je cogite, au fil des textos échangés avec ma soeur.
"j'ai le monitoring ! j'en ai marre ! putain ça me casse les couilles c'est long ! " et moi je suis en transe, littéralement excitée.
Je suis au max de l'impatience, je ne tiens pas en place.

2h26, dix minutes plus tard mon téléphone sonne, c'est le papa. Il est tout ému et je sens dans sa voix qu'il retient ses larmes. "Ta soeur est une guerrière". Putain je suis tata.
Je raccroche et je fume cent mille cigarettes en faisant des allers-retours, nue, dans ma chambre et répétant "putain je suis cooooomme une ouf ! je suis coooomme une ouf ! putain je suis coooooooommmmmme une OUF !!!".
Je me calme, j’appelle Mamie, elle comprend rien.

- Dario ?
- Non !
- Mario ? Mario c'est ça ?
- Non mamie, Nerio, le soleil de ma vie.



Décembre 2017.

Je déteste mon travail, et je crois que je déteste ma vie. Non je déteste vraiment ma vie c'est une affirmation.
Mon boulot c'est de la merde, ma vie c'est de la merde, les mecs c'est de la merde, et merde.

Une réunion qui tourne en ma défaveur, un nouvel acharnement, une nouvelle injustice et j'explose.
Je me mets à pleurer sans m'arrêter, devant mon DG, devant ma chef et je pleure je pleure, j'arrive plus à respirer.
Je sors prendre l'air et je continue de pleurer devant tout le monde, dans la rue blindée du 16ème, spectacle pitoyable et alarmant de ma personne sanglotant sur le trottoir devant un public ébahi - qui en réalité s'en bat les couilles.

Là, à cet instant je me suis dit "c'est pas ma vie, ça peut pas être ma vie", et je répète cette phrase en boucle, sans pouvoir m'arrêter.
J'ai levé les yeux vers le ciel à la recherche d'une réponse, mais je connaissais la solution, alors j'ai calmé mes hoquêtements, cessé mes sanglots et j'ai pris la décision qui s'imposait.
J'ai appelé ma mère au déjeuner et je me suis offert une bonne salade dans un bistrot parisien, elle m'a coaché et le lendemain je demandais un entretien avec le Directeur.
- je voudrais faire une demande de rupture conventionnelle.

Deux mois après je quittais les bureaux pour la dernière fois de ma vie, avec la sensation d'être légère et d'avoir la vie devant moi.
Le lendemain je m'inscrivais comme demandeur d'emploi, les mois qui ont suivi j'ai constitué mon dossier pour ma demande de formation et de financement pour une reconversion professionnelle, MA reconversion. 
Le mois suivant j'avais ma réponse positive. Ma nouvelle vie commençait.

25 septembre 2017.

Je suis stressée au max, c'est ma rentrée, ma nouvelle vie qui commence et je me chie dessus.
J'ai peur de me planter, d'échouer, de ne pas m'intégrer, de m'être trompée, d'être une imposteur et que personne ne m'aime.
J'arrive à la formation en sueur, parce qu'il fait encore très chaud, pourtant dix minutes à pieds pour venir c'est le grand luxe comparé au combo train + métro pour aller bosser à Paris.

Je rentre dans la salle, "bonjour", il y a déjà du monde, je baisse la tête et m’assieds à la première place libre qui se présente devant moi.
A côté de moi, un mec avec des yeux bleus plutôt pas mal. Je lève un peu les yeux, il est vraiment pas mal. Je me mets à rougir alors que je ne rougis jamais.
Je tourne la tête, derrière nous une table avec du café, des jus et des gâteaux, trop sympa ils nous ont préparé un petit dej.
Je me lève pour me servir un café mais j'arrive pas à faire fonctionner la machine, j'ai envie de pleurer, c'est un fiasco, je vais jamais rien réussir dans la vie, j'aurai pas dû venir, c'est affreux.
Le mec pas mal passe à côté, je lève les yeux pour lui demander de l'aide mais je détourne rapidement mon regard car je ne peux pas m'empêcher de rougir et de sourire quand je lui parle. Une vraie teubé.
Il me répond qu'il faut appuyer dessus, je réponds "ah !" en souriant et j'ai l'air con.
Je me sers un café, je me rassoies, je regarde le nom sur son chevalet posé devant lui : B.

10 février 2018.

J'ai quitté la formation pour commencer mon stage en agence de communication. Ça se passe super bien je suis trop contente.
La semaine dernière on a fait la fête lors d'un salon, un collègue m'a ramené chez moi, on a pris "un dernier verre" mais juste un verre. Puis il est parti rejoindre sa meuf qui le harcelait. Malaise.
En même temps, même s'il n'avait pas eu de copine, mon dernier rencart s'était aussi soldé par un échec, mais de ma part pour changer. Il y a quelque chose qui a changé en moi depuis quelques temps.
C'est ce petit enfoiré de B. qui obsède mon esprit.

Nous avons passé quatre mois à se sourire comme des cons, laissant petit à petit la flamme grandir dans mon ptit coeur de boloss et rien. Absolument rien, apparemment le mec m'aime bien mais ne veut rien de sérieux.
J'ai pas l'tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiime. Et j'ai l'seuuuuuuuuuuuuuuuuuuuum.
J'ai eu le temps de sortir avec ce pote d'enfance qui était une très mauvaise idée de pécho, avec l'italien qui se prenait pour Kanye West et de rencarder avec un mec qui ne me parlait que de sa raie du cul -  et pourtant, B. était toujours dans ma tête.

Cet aprem-là, on avait prévu de faire un laser game avec les gens de la promo. B. serait là aussi mais moi, j'avais décidé de passer à autre chose et cette chose s'appelait Salvatore, italien de Tinder que je voyais juste après le laser game car OH CA ALORS il habite juste à coté !
Je m'étais mise en mode mais pas trop, à vrai dire j'avais surtout hyper confiance en moi.
Le stage se passait hyper bien, je me sentais bien dans ma peau, là j'avais juste envie de profiter de la vie même si cela ne donnerait rien de sérieux, pour une fois j'étais avertie dès le départ.

En arrivant devant le resto avant l'escape, j'ai vu arriver B. et bim, c'était reparti, mes joues s'empourpraient direct.
Fais chier putaiiiiiin. Il me saoule avec sa tête lui ! Va faire rien de sérieux plus loin stp. Je me suis assise loin de lui mais pourtant, je voyais bien qu'il faisait que de me mater.
Moi je le calculais absolument pas parce que je n'avais pas le temps et que je découvrais les frites de patate douce. #vie

On a fait l'escape game, comme par hasard je me suis retrouvée dans son équipe. Putain ce qu'il est mignon et gentil, il me vénère avec sa tête d'ange. Ouais ouais souris super, et me calcule pas surtout.
L'activité s'est terminée, on s'est tous quittés devant le parc et là, pas de nouvelles de mon rencard.
Finalement, après trois messages il m'annonçait qu'il restait avec son pote et qu'on pouvait se voir la semaine prochaine.
Je n'ai pas répondu à ce bouffon et alors qu'un pote de la promo proposait de me ramener, j'ai dit oui sans hésiter.
- par contre je dépose B. aussi ça te dérange pas ?

Une heure après on prenait un verre tous les trois chez moi. Deux heures après je les raccompagnais à la voiture.
Quarante minutes plus tard j'envoyais un message à B. regrettant qu'il ne soit pas restés tous les deux manger des crêpes mais finalement tant mieux car je les avais raté. Puis j'ai appelé ma soeur et en raccrochant j'ai vu que j'avais reçu deux messages de B.
Le premier disait qu'il était désolé que j'ai raté mes crêpes, le deuxième proposait de venir m'aider à les refaire.
20 minutes après il était dans mon salon et c'est le monde qu'on a refait. Mais pas que.

8 juin 2018.

Une nouvelle journée commence, un peu amère, beaucoup angoissante.
Aujourd'hui je passe mon examen oral qui déterminera si j'obtiens mon diplôme ou non. Honnêtement, mon esprit est surtout concentré sur mon Papé, hospitalisé en soins palliatifs depuis plusieurs semaines et dont l'état n'est franchement pas optimiste.
Depuis qu'il a rechuté et que la maladie semblait gagner du terrain, j'avais l'intuition qu'il choisirait ce jour pour partir, et pour cause, aujourd'hui c'est son anniversaire de mariage.
Le fait que cet examen tombe ce jour était un signe de l'univers, il devait me porter chance sans doute.

Je me lève, seule dans ma chambre d'ado car j'ai loué mon appartement sur Airbnb. Mon oral est à 15H00, il est 9H00 et j'émerge tout doucement. Je vais ensuite rejoindre ma promo pour soutenir toux ceux qui passent leur oral ce matin.
A peine réveillée, j'allume mon téléphone et me connecte à Instagram. Je décide de poster une jolie photo de mon Papé, avec un joli texte pour cette journée dont j'ignore s'il se souvient de la date.
Je poste la photo, BFF m'envoie un coeur et j'ai à peine le temps de lui répondre que je reçois un message de ma tante Cristina en Italie qui me dit "mes condoléances pour Papé". J'allais lui répondre qu'il se battait, qu'on ne perdait pas espoir puis j'ai compris.
J'ai appelé ma soeur, j'ai demandé si tout allait bien, elle m'a dit oui. J'ai demandé si rien de spécial ne s'était passé elle m'a demandé pourquoi. J'ai questionné sur l'état de notre grand-père et elle m'a dit qu'elle me passait Nerio.

- Tata, Papé il est parti au ciel mais t'inquiètes pas ça va aller, on voulait pas te le dire pour pas que tu sois triste pour ton contrôle d'accord ?

Et mon intuition s'est révélée vraie. J'ai tenu bon toute la journée, retenant mes larmes avec une force surhumaine.
J'étais en pilote automatique.
A 15H00 on m'a appelé, c'était mon tour, mon moment, mon examen, le jury était devant moi.
J'ai branché ma clé usb sur l'ordinateur, j'ai ouvert mon fichier, j'ai mis le diaporama, l'écran s'est affiché sur une photo de ma famille, mon Papé au premier plan.

- Je vais vous présenter mon projet de cuisine familiale sarde ... et c'était parti.

Je suis ensuite rentrée chez moi pour me changer, le soir on fêtait la fin des examens avec ma promo, ça allait me faire du bien de me changer les ides.
J'ai reçu un mail, c'était ma Responsable formation qui m'envoyait les notes. J'ai eu 16/20.
B. est ensuite rentré du travail et je l'ai accueilli avec certes les yeux humides, mais un sourire solaire.
J'avais réussi
Merci Papé.



10 août 2019.

Du soleil, deux vélos électriques, deux gaufres, une barquette de frites au ketchup et une barbapapa.
De la nature, un ciel bleu et des manèges. Des animaux, une ferme et des courses à pédaler pour savoir qui ira le plus vite.
Des parties de Uno, des crises de rire et les guêpes qui dansent entre les poubelles.
Ses yeux bleus, mes joues qui rougissent et nos sourires.
Nos mains qui se croisent, un +4 et un énième fou rire.
La légèreté de la vie, ces petits moments de grand bonheur, l'aventure inconnue de la vie.
De l'amour, de la joie et de la lumière.
18 mois.

Quoi qu'il arrive, le carrousel de la vie ne cesse jamais de tourner.

 

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