Itinéraire d'une rupture assumée et phœnix des bois

© photo : Sarah Shakeel
© photo : Sarah Shakeel
 

Ce titre m'est venu comme le messie, en plein milieu de la soupe. Si on considère que le messie est arrivé au dîner bien entendu, et qu'il est sponsorisé par Liebig.

J'ai pensé à écrire un article sur ma rupture de l'année dernière des dizaines de fois puis, partagée entre le trop en dire et pas assez, finalement je suis très rapidement passée à d'autres projets plus importants.
Me teindre en blonde toute seule pendant le confinement par exemple, ou encore écrire sur les tabous autour du sexe.

Pourtant, il est important pour moi d'en parler aujourd'hui pour vous expliquer comment j'ai fait de la plus grosse douleur amoureuse de ma vie, une renaissance. 

Pouvoir vous dire que je suis comme vous,  et écrire avec toute la franchise et l'authenticité qui caractérise mon blog depuis 8 ans.

Lorsque j'ai vécu ma rupture, aussi douloureuse et imprévue prévue soit-elle, je n'ai été qu'à moitié étonnée, à l'inverse de mon cœur qui lui, a été entièrement brisé. Cela faisait un moment que les choses n'allaient plus mais dans mes croyances, tant qu'il y a de l'amour il y a de l'espoir. 

Mais c'est faux. Aimer est un sentiment noble et peut être salvateur, par contre il ne sauvera jamais un naufrage et pour exemple : doit-on réellement parler de Jack dans Titanic ? J'ai naïvement et sincèrement cru que mon amour si loyal et si fort pourrait tout arranger. 

Sauf que pour que les choses s'arrangent il faut être deux et là, ça faisait un moment que j'étais seule dans le bateau de mon couple et qu'il prenait l'eau.

J'ai vite compris que les choses n'allaient plus quand j'ai réalisé que je passais mon temps à quémander l'amour que moi, je donnais sans concession. J'ai passé des soirées entières à pleurer en sentant l'éloignement, et ne rien entendre pour me rassurer. J'avais besoin de sentir et de savoir qu'on se battait pour moi mais ça n'était pas le cas.

Un drama constant et franchement bien triste avec lequel je cohabitais depuis plusieurs mois.

Les choses sont ainsi, je l'ai toujours dit, je l'ai dit et je le redirais jusqu'à la fin de ma vie (la rime n'est pas voulue je suis juste douée), on se bat pour les gens qu'on aime.
Et ce soir-là, il n'a plus/ pas voulu se battre.

Je rentrais d'une semaine de vacances en Grèce, j'avais fait le point là-bas, je m'étais remise en question, j'avais écrit, prié et puis ... mon retour a été le dernier soir de notre histoire (encore une rime, mais comment fait elle ?). 

Je me revois gravir un volcan à Santorin (oui), réfléchir à mon couple, à notre histoire, à mes erreurs et j'étais pleine de bonnes intentions et d'espoir. Je me suis dit que cette pause d'une semaine de vacances allait nous aider et qu'on en ressortirait plus forts. Que j'arrêterais d'être comme-ci ou comme ça, et qu'il le verrait. Que tout s'arrangerait si je changeais. Arrêter d'être moi-même quoi.

Ce n'est que lorsque j'ai vu son visage quand il est venu me chercher à l'aéroport que j'ai compris, et pourtant ... ces putains d’œillères ne me quittaient pas. Lui si. 

On a fait comme si de rien n'était, j'ai raconté mes vacances, montré mes photos, j'ai offert mes cadeaux, j'ai expliqué le bilan que j'avais fait là-bas et ... c'est tout. C'est après avoir offert mon magnet en forme de coeur avec écrit SANTORINI et s'être couchés que j'ai compris que c'était terminé. 

Je me suis sentie tellement bête ... à espérer, à supplier, à pleurer, supplier encore. Tellement ridicule avec mes espoirs d'amoureuse aveugle, avec mon aimant en forme de coeur, avec mes remises en question sur des plages paradisiaques. Mon amour qui n'était plus qu'à sens unique.

J'avais passé une semaine à imaginer notre nouvelle vie amoureuse, et je me faisais larguer en rentrant.
J'étais à genoux, littéralement et physiquement et j'ai supplié, supplier qu'il m'aime encore, que quelqu'un m'aime. 

Me voir dans cet état s'en pouvoir m'en empêcher a été très dur pour moi. J'ai eu la sensation de non seulement laisser mon amour et mes larmes dans cette histoire, mais aussi ma dignité, l'estime, la confiance en moi. J'ai été envahie par la honte de moi-même et ce sentiment ne devrait jamais exister. C'est ce qui m'a fait le plus mal, me mettre dans cet état-là, sans pouvoir me retenir.

L'amour ce n'est pas supplier, ce n'est pas avoir honte, ce n'est pas être vide de sens mais ce vendredi 13, c'est tout mon univers qui s'est effondré.

Il est parti. Et voilà. C'est comme ça que cela s’est terminé. Il est juste parti. Terminé. THE END.
Il s'est retourné et m'a dit au revoir, chargé de tous ses sacs que j'avais emballés, enfin je crois, à vrai dire je ne m'en souviens pas. 

Par contre, je me souviens de toutes ces soirées seule, dehors avec mon chien quand je sortais Lady avant d'aller dormir. Je me revois regarder le ciel en attendant un signe, une étoile, un arc-en-ciel, une comète qui dirait "t'inquiète, tout va s'arranger". Mais rien n'apparaissait et chaque soir, cette solitude m’imprégnait de plus en plus.

Je me suis sentie tellement seule, tellement vide, tellement abandonnée. Et pourtant si j'avais été honnête avec moi-même comme il l'a été ce soir-là, j'aurai anticipé toute cette peine pour qu'elle ne m'atteigne pas. 

Mais on est comme on est, et je n'aurais pas été moi-même si je n'avais pas été au bout de mon histoire. Si je n'avais pas tout tenté, tout dit, tout donné, tout pleuré.

J'en ai eu mal au cœur, littéralement et physiquement pendant des semaines, ou des mois. On oublie vite et c'est tant mieux au final. 

Dire adieu à mon statut de couple, de meuf amoureuse et heureuse, aux photos couple goals, aux projets de famille, aux prénoms d'enfants qu'on que j'avais choisi, aux voyages qui n'auront pas lieu ... et ce nouveau statut que j'ai eu tant de mal à assumer. Célibataire, la bonne affaire ! (c'est faux). A peine 31 ans et déjà désillusionnée. Les projets reportés qui ne se feront pas et toute cette merde qui s'est enchaînée pour m'achever fin 2019.

Les jours ont passé, les semaines, les mois ... et puis un jour tel le Phoenix, j'ai fait de mes cendres mon nouveau-moi, en mieux.

Un jour, sans crier gare tout allait mieux. Quand ? Aucune idée, mais tout était loin derrière. C'était comme si toute cette histoire était arrivée à quelqu'un d'autre, ou il y a très longtemps. 

Les choses étaient désormais derrière moi et j'y avais survécu. Je m'étais remise, je m'étais réconciliée avec moi-même et j'ai continué ma vie, ma nouvelle vie, célibataire certes, mais ma propre vie.

À chaque coup dur je pensais à lui, "qu'est ce qu'il se serait passé s'il avait été là à mes côtés ?" et la réponse était claire : il ne l'était pas

Il ne l'était pas car il avait fait ce choix et moi, j'avais décidé de vivre ma meilleure vie, et pour cela, il fallait passer à autre chose. C'était vital, c'était crucial.

En fait, pour ma confiance en moi et mon estime, je ne pouvais pas continuer d'aimer quelqu'un qui :

1) ne m'aimait plus,
2) m'avait quitté,
3) ne reviendrait pas,

mais surtout, avait fait sortir de moi cette personne qui suppliait pour qu'on ne l'abandonne pas. 
Parce qu'encore une fois, les gens qui t'aiment ils restent auprès de toi.


© photo : Sarah Shakeel
© photo : Sarah Shakeel


Quelle image avais-je de moi pour me ruiner le cerveau pour quelqu’un qui avait fait le choix délibéré et libre de quitter ma vie ? N'avais-je pas le droit d'être en sécurité sentimentale ? D'être aimée sincèrement et surtout, qu'on se batte pour moi ?

Lorsqu'il est parti, j'ai cru que j'étais fautive. Que je n'avais pas été assez comme-çi, ou comme ça, que tout était de ma faute. Que j'avais tout perdu, perdu une partie de moi et de ma vie. Je ressassais en boucle les souvenirs heureux, amoureux, ces moments précieux qui n'arriveront plus.

En définitive, j'avais été tellement malheureuse cette dernière année - avant et après la rupture - qu'un jour, j'ai décidé ... d'inverser la tendance

J'ai petit à petit repris ma vie en main, et j'ai commencé à penser à ce que j'avais gagné, plutôt qu'à ce que j'avais perdu. Et là, ça a fait toute la différence.

J'ai arrêté de me mettre dans la tête que j'avais eu de la chance qu'il partage ma vie et qu'il m'ait choisie, mais plutôt à celle que LUI avait eu de m'avoir dans la sienne. Que les choses s'étaient terminées parce que c'est ainsi que cela devait se passer, qu'on ne se correspondait pas, ou plus. Que j'étais une personne qui méritait, méritait d'être aimée et apaisée, qui méritait d'être heureuse et ne plus pleurer.

Que parfois la vie c'est comme ça, des fois ça marche des fois ça ne marche pas, que notre histoire s'était terminée mais que c'était mieux comme ça, pour lui et pour moi. Parce que l'amour n'est pas synonyme de souffrance ou de drama, et que c'est ce chemin nous nous rencontrions et aurions continué s'il n'avait pas mis un terme à notre histoire.

Nous avions eu la chance, avec le recul, de vivre une jolie histoire, il fallait que je tourne cette page et m'en libère.

On pense toujours à ce qu'on a plus et à ce qu'on perd lors d'une séparation mais jamais à ce que cette nouvelle vie peut nous apporter. 

J'ai dit au revoir à mon histoire mais j'ai salué ma nouvelle vie à plein poumons, avec l'expérience et les leçons qu'elle m'avait apprise. 
Il m'avait libérée en partant et j'ai mis du temps à le comprendre. Quand je m'en suis rendu compte, tout a changé, ma perception des choses et ma façon de penser, si bien qu'un jour, je me suis réveillée de tout ça plus forte et plus droite que jamais.

Dans ma vie je ne veux être entourée que d'amour, et cela devait commencer par m'aimer inconditionnellement. J'ai donc mis toute mon énergie dans la quête de cet amour, et j'ai laissé de côté les problèmes de cœur pour me concentrer uniquement sur la construction de ma meilleure vie.
Sur le fait de prendre soin de moi, de m'aimer réellement, sans faire passer cet amour par quelqu'un d'autre.
J'ai eu mon permis, ma voiture, j'ai trouvé un travail, j'étais debout, souriante et autonome. Alors certes, je n'avais plus aucune vie sentimentale et le manque a été difficile mais, j'avais autre chose à faire de bien plus beau et constructif que regretter une histoire qui finalement, me rendait très malheureuse.

On retient toujours le positif quand on se sépare, encore plus quand on se fait larguer mais si on met de côté son ego, on peut voir que certaines choses ne nous manqueront pas du tout, et d'autres nous manquaient clairement.


Puis, il y a eu le confinement.

Que j'ai adoré (ndlr : en ne tenant évidemment pas compte de la crise sanitaire et de l'anxiété que cela a engendré).

Cela m'a permis de vraiment me recentrer sur moi et ne penser qu'à moi. Aucune obligation familiale ou sociale, juste moi, et Lady. Aucune sortie, pas de rendez-vous, pas de boulot (j'étais en chômage partiel mais total) : le pied. 

J'ai surkiffé le confirment perso, c'était doux, c'était lent, c'était sans pression. J'ai pris mon temps, j'ai dormi, j'ai vécu au ralenti pendant 5 mois et mon cerveau s'est réellement reposé.

Je voyais parfois ma mère qui vit à 1 kilomètre de chez moi, qui m'apportait des gâteaux et des masques en tissu. On se faisait des rendez-vous clandestins dans les buissons, cachées et masquées et un jour, je me suis confié sur mon état sentimental laissé en friche depuis des mois.
Je lui ai dit très sincèrement et très sérieusement que je ne pensais pas pouvoir aimer à nouveau. Dans l'état actuel des choses je ne voyais aucune éclaircie concernant ma vie sentimentale, je n'imaginais pas recevoir de l'affection - et réciproquement - pour quelqu'un. 

J'espérais me tromper bien sûr, mais au moment présent tout cela m'était inconcevable et réellement inimaginable.

Ce n'était pas/ plus mon objectif et retrouver une intimité avec quelqu'un après la rupture que j'avais vécu aurait été trop difficile. Je ne voulais pas prendre le risque de revivre ça avec quelqu'un d'autre ni envisager une nouvelle histoire.

Mon amour, je l'avais épuisé dans cette relation, il n'y en avait plus, j'en étais vidée, je n'avais plus de disponibilité sentimentale, j'avais épuisé mon stock. 

J'ai confié mes états d'âmes sincères, bien que tristes soyons d'accord, à ma mère et sa réponse a été très claire : "Monarègle tes problèmes avant quand même, parce que tu l'as bien saoulé ton ex avec tes problèmes existentiels de soeur, de père etc, donc résouds déjà tes soucis avant de penser à ça pour ne pas que le prochain se barre lui aussi.".

Joie. Bonheur. Ma mère est parfois maladroite et en toute sincérité, je l'ai très mal pris et je me suis barrée en faisant la gueule (en n'oubliant pas cependant de prendre le cake au citron qu'elle m’avait fait). Sauf que pour lui prouver dans la plus totale inconscience qu'elle avait tort, j'allais sans le savoir tout faire basculer, très, très peu de temps après...


© photo : Sarah Shakeel
© photo : Sarah Shakeel


Septembre 2020. 

L'autre soir, j'ai validé mes vacances. Comme cette année a été totally WTF, que j'ai fait une grosse dépression, puis trouvé un boulot, ensuite été confinée, puis en arrêt maladie et j'ai que j'ai encore changé de boulot = pas de vacances pour moi cette année. 

Par contre, j'ai pu poser deux congés et m'octroyer 4 jours de détente mi-septembre.

J'ai donc réservé mes "petites" vacances à la mer pour respirer et profiter un peu parce que WAAAAAAAAA 2020 quoi ! Je n'avais absolument pas fait attention aux dates et pourtant, c'est quelque chose d'ordinaire, que je remarque très bien. 

J'ai réservé ces 4 jours de vacances attendues comme jamais, avec une personne merveilleuse, formidable et qui me rend tellement heureuse que je ne pourrais pas, même dans un article dédié, même dans un post, un épisode Netflix, un film Universal exprimer tout ce que je ressens pour lui. 

J'ai rencontré un homme tellement génial qui, à ma grande surprise a tout changé puis soudainement et contre toute attente, tout remis à sa place.

J'ai la chance depuis plusieurs mois, depuis ce jour so friendly où ma mère a été le point de chute de mes espoirs sentimentaux, le bonheur immense et la reconnaissante quotidienne d'être aimée profondément et OMG YES, so réciproquement.

Et je le fucking mérite, ce bonheur je le mérite et j'en suis très heureuse. 
Ce mec est arrivé comme ça, en détente, sans que ni lui ni moi n'avions anticipé le chemin que prendrait cette histoire. Il a tout changé, sans le savoir et sans le vouloir, il m'a remis en phase.
Il est arrivé comme ça, tranquillement et jour après jour, semaines après semaines, mois après mois, a rendu l'évidence évidente.

Il ne m'a pas sauvé, il m'a révélé.

Pendant ces vacances de l'amour, je "fêterais" l'anniversaire de ma rupture qui je pensais, m'avait anéantie et m'empêcherais d'avancer car j'étais seule. 

Cette date n'a aucune importance maintenant, mais elle est symbolique à mes yeux parce que ce "triste" anniversaire, où il y a un an j'étais à genoux, en larmes et vide de tout, je le passerais avec la personne la plus sensass' et que j'aime le plus au monde après Jonathan Cohen. 

Je ne suis pas heureuse parce que j'ai retrouvé l'amour, non, je suis heureuse du chemin que j'ai accompli seule, que je me suis battue seule et qu'une fois que j'étais au max de moi-même : la vie m'a envoyé ce cadeau : lui.

Je suis en phase maintenant. Je suis en phase avec moi-même, avec mon entourage, dans mon histoire d'amour et je le dois uniquement à moi et à moi-seule, mais aussi aux leçons que j'ai apprises de la vie cette année.

Tel un phœnix des bois, j'ai pris mes cendres dans lesquelles je pleurais et m'étais couchée pour m'en paraître telles les plus belles plumes du monde et prendre mon envol.

J'ai survécu et me suis envolée seule, apeurée puis sereine jusqu'au jour où je l'ai vu. Il ne m'a ni montré le chemin ni appris à voler, non , lui il vole avec moi.
Je n'ai aucune animosité ni haine envers mon ex. C'est une personne formidable à qui je souhaite une vie merveilleuse. J'ai appris beaucoup à travers cette rupture et maintenant, je sais ce qui est bon pour moi. Et qui. Je sais de quoi je suis capable et à quelle vie j'aspire. La best of bestos life.

Les chemins se croisent, se séparent, ainsi va la vie, j'avais besoin de dire que malgré toute la peine et ce qu'engendre une rupture, les choses vont mieux un beau jour. Différemment c'est vrai, mais de belles choses restent à vivre tout au long de notre vie, avec ou sans mec, avec ou sans meuf. 

Ce serait trop prétentieux pour une personne que de tout miser sur elle pour nous rendre heureux. J'aspire à mon propre bonheur et c'est ce que m'a appris cette année. 
Sur ce, tel le phœnix je vais m'envoler vers les toilettes parce que j'ai envie de faire pipi.

Cette année, j'ai vécu le pire, puis le meilleur mais grâce à celle-ci, je sais désormais retenir que le meilleur.


Kiss from mes plumes du bitume.

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