Cette soirée sympa où j'ai fait un coma éthylique


On annonce la couleur direct, ai-je réellement le temps de batifoler en batifolages ? Je ne pense pas.
Le fait est que ma vie n'étant qu'une vaste blague, je ne savais pas comment amener cet article autrement.

Nous sommes mardi soir, je vois ma poto [censured] que je n'avais pas vu depuis belle lurette, la faute aux enfants, les mecs, la coupe du monde et l'hibernation certaine depuis que la température avoisine les 2 degrés depuis près de deux mois.
Bref, as usual, on se retrouve dans notre bar favori de Sailles-ver pour rattraper le temps perdu, entre planche mixte dont j'ai rêvé toute la day et verre(s) de vin rouge.
Attention, c'est à partir de ce détail que tout est parti en couille.

On rigole, on fun, on bitche sur les mecs (best activité ever) et on ... boit.
Je précise à l'assemblée que j'ai censuré le blaz de ma copine parce qu'elle a sorti la meilleure punchline du monde et que le monde n'est pas prêt.
Ma pote a largué son mec cet été et alors que celui-ci tentait de négocier la clause "mais on peut rester amis", elle lui a, dans la plus grande détente répondu "mec je t'ai léché le trou de balle, on ne peut pas être amis".















Laps de temps pour digérer l'information.








Je n'avais pas mangé de la journée hormis mon café/ corn flakes du matin d'où mon fantasme sur la planche mixte toute la journée. Ne me demandez pas pourquoi, alors que je n'en bois JAMAIS, j'ai eu envie de prendre un verre de vin rouge, avec le fromage ça passerait crème - me suis-je dit.
Grosse erreur.

Au bout de quelques verres, de clopes et d'enjaillement certain, tout est parti en vrille sur le trottoir devant le bar. Je me suis soudainement pris de haine envers Caroline Receveur et sa capacité instagramique à nous faire réaliser que notre vie pue la défaite à chaque fois qu'elle poste un truc.
J'avais donc décidé de partager mon avis avec toutes les personnes que je croisais, dont la plupart m'ont donné raison, sauf une fille qui m'a dit "nan mais meuuuuuf c'est pas la vraie vie ça, tu t'en fous tu regardes pas".
Baaaaaaaaaaaaaaah, ouais ! je sais ! je sais ! je sais ! je sais ! je sais ! je sais ! je sais ! ouais je sais ouais ! ouais ! ouais !
Je ne savais rien.

Ladite fille avait 20 ans. J'en ai 30 et je bitchais bourrée dans la rue sur une meuf payée pour avoir une vie parfaite.
À quel moment la mienne est-elle partie et couilles et suis-je devenue une vieille meuf aigrie ? Ah on me dit dans l'oreillette depuis que Caroline Receveur a pris son dernier selfie.

J'ai recommandé à plusieurs reprises des verres, ma copine m'a filé son dernier car elle en pouvait up.
Moi ça allait tranquillou le vinou.
Vers minuit, on s'est résignées à rentrer chez nous, j'ai donc commandé un Uber avec qui j'ai échangé sur mes projets d'implants capillaires si toutefois je devenais riche un jour.
Le mec était chauve, on s'est fait un high five à 130.
Non nous n'étions pas 130 dans la bagnole, un high five à 130 c'est quand tu fais un high five à 130 km/h sur l'A86.

Je suis rentrée chez moi, mon amour m'attendait avec impatience et était tellement content de me voir car je lui avait trop manqué qu'il m'a sauté dessus en me léchant de partout.
Je parle bien évidemment de mon chien, mon mec n'étant pas là.

J'ai sorti mon chien en espérant fortement qu'aucun voisin ne fume sa clope à la fenêtre afin de leur éviter le spectacle de ma personne titubant sur l'herbe en hurlant,
- 'adyyyyyyyyy, 'iens 'on chien ! 'a fait cacaaa ? bien 'a fifillllllle".
En ne marchant bien évidemment pas droit - du tout.


Nous sommes rentrées, j'ai viré toutes mes fringues comme dans le temps où je sortais, buvais et rentrais à crédit bien que ce temps soit (quasi, presque) révolu car je suis une adulte responsable désormais.
À poil et enivrée d'un (haut) Médoc, je m'allonge dans mes draps froids avec grande hâte de m'endormir.
Sauf que rien ne s'est passé comme prévu. Pas du tout.

C'est à cet instant précis qu'a commencé l'épisode que j'appellerai "Pirate des Caraïbes, Mona à bord du Red Pearl."
Soudainement mon lit s'est mis à tanguer, tanguuuuuer. Ma vue s'est totalement floutée, j'ai cru que je devenais aveugle et en même temps ... tout bougeait beaucoup trop pour que j'apprenne le braille tout de suite.
OH PUTAIN.
Je me suis levée, titubant beaucoup plus qu'il y a 15 minutes et j'ai foncé dans la salle de bain afin de déverser 50 balles, c'est-à-dire tout ce que j'avais ingurgité dans la soirée.
Je pense y avoir passé... au moins 18 minutes. Mon chien me suivait toujours en me léchant le coude de compassion. Trop sympa.
Moi ? je tentais de communiquer, "égagggge, 'a t-en 'Adyyyyyy", qui signifiait : putain de merde je suis totalement malade et je vais crever la tête dans la cuvette, à poil, mon chien me léchant le trou de balle.

Ces petits- allers et retours ont duré à peu près trois mille ans, j'oscillais entre les toilettes et mon seau dans lequel je mets du Ajax fleurs de chez Action afin de nettoyer mon sol. Vous voyez de quel seau je parle ? Le mien était rempli par la mer rouge et ses joyeux rochers, j'ai nommé mon vin régurgité et des bouts de ... on veut pas savoir.
J'étais au bout de ma vie, je meuglais, béglais, suffoquais, m'endormais la tête dans la cuvette, puis me réveillais en sursaut, écœurée par mon être.
J'étais toujours à poil (mais maquillée) au moment où je pensais mourir.

J'étais là, seule, à essayer de fermer les yeux, mon seau rempli de gerbe à côté de moi, mon chien qui léchait toujours mon coude et tout à coup j'ai compris. J'ai réalisé que j'allais mourir ici, dans cet état, seule et pathétique à cause d'une planche mixte et de 5 verres de vin.
Mon mec n'était pas là, j'étais de plus en plus mal et je ne comprenais pas pourquoi j'étais autant malade et amorphe. Je perdais à moitié connaissance, m'endormait, vomissait, me vidait d'un peu partout puis ... oh putain.
Je faisais un coma éthylique.

J'ai donc fait ce que toute personne aurait fait dans mon cas quant à l'interrogation certaine de "fais-je un coma ou non ?",  c'est-à-dire attraper mon téléphone et taper "copa egyilitque" dans Safari afin de savoir si j'allais réellement crever d'overdose d'alcool avant même d'avouer à mon mec que j'ai fouillé dans son téléphone la semaine dernière et que j'ai failli envoyer T KI TOI à sa ... cousine.
Mon état étant ce qu'il était, je n'ai bien sûr absolument PAS pu lire ce que Safari affichait dans la mesure où je n'avais toujours pas retrouvé l'usage de mes pupilles en vue non-floutée.

J'allais appeler les pompiers mais je ne me souvenais pas de leur numéro, 17 ou 18 ? 12 ou 15 ? 
Il fallait que je m'habille pour ne pas perdre davantage de dignité lorsqu'ils arriveraient. Je me suis donc levée pour chercher un tissu dans lequel m'envelopper, j'ai rampé jusqu'au canapé et j'ai tenté de m'introduire dans... un coussin. Sans succès. 
J'ai donc attrapé un truc en laine qui trainait et je l'ai enfilé, ah mince, ça passait pas plus haut que mon genou, normal étant donné que j'essayais de me glisser dans le pull de Noël de mon chien, qui n'a pas du tout apprécié.
Ma chienne m'a donc sauté dessus en tentant d'attraper son dû, en tirant de tous ses crocs sur son pull et m'embarquant dans sa chute alors que mon chien fait très exactement 4kg et moi... bref là n'est pas le sujet.
Mais arrête !! Grrrr grrrrrr. Mais lâche ce pull !!! Grrrr grrrrrr.
On visualise tous bien la scène ?

J'ai abandonné l'idée d'appeler les pompiers car je me suis ensuite perdue dans mon salon de 15 m².
Impossible de remettre la main sur mon téléphone, donc. Bizarrement, à l'énième reflux j'ai retrouvé le chemin de la salle de bain très facilement instinctivement.

Je me suis finalement  endormie d'épuisement et de ventre vidé dans son intégralité vers 6h du matin. Ou 4. Bref.
Le lendemain, je ne savais plus où j'étais, jusqu'à ce que les souvenirs me reviennent en voyant mon chien laper le seau au pied du lit.


Ma grand-mère m'a ensuite appelé, 

-hmmm allo ?
- tu dors ?
-mmmmf non je suis au lit je suis pas très bien.
- ah bon ? tu es malade ?
- non j'ai trop bu hier soir.

*fou rire de la grand-mère*

Mon mec m'a ensuite appelé,

- ça va ?
- PARDON ? si ça va ? BAH NON CA VA PAS ! j'suis là, t'sais chez moi, toi t'es là, t'sais, j'ai failli mourir et toi, hé ho ! nan mais sérieux ! voilà, bah tu m'appelles genre coucou ça va ? bah nan ça va pas, j'ai fait un ... tu sais j'ai cru que... j'ai fait un COMA ÉTHYLIQUE OK ???? ouais figure-toi ! et c'est un miracle si je suis encore là tu vois, et toi tu faisais quoi ? ah ba t'étais pas là parce que ... bah tu t'en fous de ma gueule, voilàààà mais dis-le ! tu t'en fous de moi c'est ça ? j'ai failli crever, toute seule ! SEULE ! De toute façon je vais finir seule !! voilà !!!!! t'es content ?!!! et là j'ai chialé.
- mais ... pourquoi tu m'as pas appelé ?
- (...)

J'ai pas su quoi répondre. Du coup j'ai raccroché.
Quelques heures plus tard il arrivait, mi-énervé de ma phase au téléphone, mi- mort de lol de la situation de sa meuf la folle qui fait tout un drama d'une gueule de bois.



J'ai donc repris mon rôle de survivante d'un coma et il m'a simplement répondu "mais qui tape coma éthylique dans son téléphone quand il fait un coma ?".
Et là encore je n'ai pas su quoi répondre.


Je ne boirais plus jamais de vin rouge.

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